AGE ☞ dix-sept ans.
ORIENTATION SEXUELLE☞ hétérosexuelle.
ORIGINES ☞ Sa mère est américaine tandis que son père est franco-gallois. Quant à Louis, il est de nationalité franco-américaine. Il a vécu les douze premières années de sa vie en France, dans la région centre, jusqu'au divorce de ses parents. Pendant deux ans, il a grosso modo fait la navette entre les deux pays, jusqu'à ce qu'il s'installe définitivement chez sa mère aux États-Unis.
RACE ☞ Louis est un tout jeune lycan.
CASTE ☞ loup solitaire souhaitant néanmoins rejoindre une meute.
OCCUPATION ☞ lycéen durant l'année scolaire, actuellement fugitif.
CARACTÈRE ☞ impatient ϟ généreux ϟ intelligent ϟ serviable ϟ respectueux ϟ brave ϟ perfectionniste ϟ sarcastique ϟ reconnaissant ϟ fidèle ϟ fort de caractère, ne se laisse pas marcher sur les pieds ϟ jaloux ϟ créatif ϟ avenant ϟ têtu ϟ pessimiste ϟ déterminé ϟ affectueux ϟ sociable ϟ susceptible ϟ rancunier ϟ impulsif ϟ vif ϟ joueur ϟ passionné ϟ compréhensif ϟ malin ϟ sûr de lui.

POURQUOI AVEZ-VOUS DÉCIDÉ DE CHANGER ? ☞ Louis n'a jamais décidé de subir un Changement. La journée même où il devint un lycanthrope, il était ignare de tout ce qui se rapprochait des « créatures sataniques damnées par la Bible », son éducation religieuse bannissant tout se rapportant de près ou de loin à ce domaine. Il fut attaqué par un lycan alors qu'il recherchait sa petite amie dans les bois bordant la résidence de son meilleur ami qui organisait une fête en vue de célébrer la fin de l'année scolaire. Sa transformation ne rimait qu'à des buts expérimentaux pour satisfaire l'avidité de connaissances d'un « scientifique » de la région et pendant une semaine, Louis constitua un des jouets favoris de l'homme qui l'estimait comme un vulgaire rat de laboratoire.
COMMENT S'EST DÉROULÉE VOTRE TRANSFORMATION ? ☞ A mes yeux, Changer est sans nul doute effroyable, et ce mot est bien pâle. Il s'agit d'une véritable lutte contre une nouvelle entité installée dans votre corps, désormais indissociable de celui-ci, qui milite pour obtenir le contrôle, alors qu'avec peines, vous tentez de le conserver, vous espérez pouvoir lutter plus longtemps contre vous-même pour vous-même, mais les batailles sont bien trop ardues, sont bien trop acerbes. Vous ignorez s'il suffit de laisser faire ou s'il faut continuer de résister, vous ignorez si vous pouvez faire confiance à ce nouvel Autre, vous ignorez qui vous êtes désormais. La souffrance vous dicte de lâcher prise, que chaque effort est vain, que votre humanité est perdante face à la lycanthropie. Mais pourtant, vous avez la rage de vaincre. A dix-sept ans, tout est clair : vous voulez vivre, connaître plus de l'existence d'un homme que les murs du lycée miteux que vous arpentez chaque matin. Vous voulez continuer de vous battre vigoureusement, vous voulez apprendre à vivre de cette manière, du moment que vous pouvez savourer encore la vie quelques secondes de plus. Même aux portes de la mort, cette rage de vivre ne s'affaiblit pas.
Néanmoins, il est clair que je n'ai aucun contrôle sous ma forme lupine. Je peux, non sans difficultés, tenter de refréner quelques réactions face à ma lycanthropie sous ma forme humaine, telle qu'une violente colère, mais lorsque le loup a le pouvoir, l'humain est réellement enseveli, assommé, inconscient. En somme, je ne possède aucun contrôle sur l'autre partie de moi-même, et cela, sincèrement, me terrorise chaque jour.
COMMENT SE PASSE LA COHABITATION AVEC VOTRE LOUP ? ☞ Dans son esprit, Louis n'est plus seul, il doit non seulement se gérer, définir l'homme qu'il doit devenir, assumer ses choix et réactions, mais aussi gérer (et là, ça s'avère a priori impossible sans aides extérieures) le loup qui fait partie intégrante de sa personne désormais. Alors qu'il était déjà un jeune homme assez impulsif et susceptible, désormais, ses sentiments, sa frustration, ses sensations, n'importe quelle émotion en somme, se voit décuplée par la bête qui gronde en lui continuellement, perpétuellement aux aguets. Il a énormément de mal à taire le loup qui réside en sa personne, il ne parvient pas encore à jongler entre sa personne et son loup, en particulier dans certains domaines. Dès qu'il s'agit d'une confrontation avec quelqu'un d'autre, le contrôle s'apparente à l'inexistant. Être énervé par quelqu'un, vexé, frustré par un mauvais jour le rend dangereux, électrique. Alors que lorsque ce ne sont que ses réflexions qui le mettent dans un état désastreux, il parvient avec plus de facilité à s'apaiser, se contrôler, bien que cela reste extrêmement ardu.
DESCRIPTION DE VOTRE LOUP ☞ Tandis que la plupart des loups arborent des pelages sombres selon ce qu'il a pu entendre, ce n'est pas le cas de Louis. Malheureusement pour lui, il ne possède pas le bénéfice de l'obscurité pour se tapir dans l'ombre lorsque sont menées toutes chasses ou autres actes pouvant nuire à sa santé. Sous forme lupine, sa fourrure est d'un doux gris frisant la couleur de l'argent. Cette couleur n'est interrompue qu'au niveau de sa patte droite ainsi que le long de son museau où une fine tâche blanche court le long de celui-ci, partant d'un peu au-dessus de son œil droit. Quant à sa queue, le bout de celle-ci est recouverte de blanc également, comme s'il l'avait trempée dans un pot de peinture blanche. Le loup est assez haut sur pattes et reflète, malgré une grandeur et grosseur moyenne dans son cas, l'illusion de ne pas avoir encore totalement terminé sa croissance, à la même image que l'adolescent.
LE DIRECTOIRE ☞ Louis ignore l'existence du Directoire tout comme son fonctionnement et objectif. Censuré par ses parents croyants et pratiquants de tout ce qui était banni par la Bible, les créatures « fantastiques »,  « sataniques » et bien d'autres appellations, et tout se rapprochant à celles-ci n'a jamais vraiment pu instruire Louis sur ce qui se tramait autour de lui. De plus, n'étant pas spécialement de nature curieuse, tout comme très respectueux de ses parents, il n'a jamais cherché à en apprendre ou en connaître sur les rumeurs se rapprochant au coming-out des lycanthropes par exemple ou autre. En d'autres mots, à l'heure actuelle, Louis ignore tout du Directoire.

ϟ Louis est né à Tours, dans la région centre de la France.
ϟ Il est bilingue, parle couramment le français comme l'anglais, sans conserver un quelconque accent d'une langue à une autre.
ϟ Il a une grande sœur, nommée Elia, qu'il aime énormément.
ϟ Au lycée, il était du genre populaire. Il n'a jamais eu du mal à s'intégrer où que ce soit.
ϟ Il aime garder son monde. Quand il se lie d'amitié, il fait tout pour ne pas briser la relation.
ϟ Il a reçu une éducation stricte et religieuse. Il a été baptisé, a fait sa communion, sa profession de foi tout comme sa confirmation. Sa religion est celle des protestants baptistes, et bien qu'il n'est pas pratiquant, qu'il le cache souvent craignant les réactions que cela susciterait face à ses camarades, il croit dur comme fer à Dieu.
ϟ Ses parents l'ont toujours préservé, tout comme sa soeur, des nouvelles et informations quelconques concernant les "créatures maléfiques ou autres pratiques du même genre", tout ceci étant puni et damné par la Bible. Il a subit une censure face à ce monde de la part de ses géniteurs et ne sait pas grand-chose de ce monde.
ϟ Il n'est pas du genre à se laisser abattre, bien que parfois ses réflexions sur le monde et la société l'amènent à trouver le monde bien pathétique.
ϟ Il a tendance à mentir sur son âge, s'attribuant la majorité et lorsqu'il est réellement contraint de donner un nom, il se fait appeler "Manu", diminutif de son second prénom.

« Arrête, Loulou. » « Arrête de m’appeler comme ça, toi. » « Sinon quoi, Loulou ? »

J’envoie valser avec force mon ballon de foot dans le placard de ma chambre et me loge dans les bras de ma sœur aînée. On entend distinctement toutes les insultes que sont capables de se lancer nos parents, et leur ton est si puissant, si méchant, si désireux de blesser l’autre, que j’en tremble, que j’en ai peur. Je ne me sens plus en sécurité ici, c’est net, bien que ma sœur a beau me répéter des milliers de fois que je n’ai rien à craindre, que ça va passer, que demain, ils s’en souviendront déjà plus. Sauf que c’est toujours la même histoire, sauf que les « demains » finissent toujours par être semblables.

« On retourne quand, chez grand-maman ? »
« Bientôt, j’imagine. »

J’aime les vacances en famille, elles donnent l’illusion qu’on en est vraiment une. Mes parents se retiennent généralement de se hurler dessus comme s’ils étaient des chiens, parce qu’ils n’ont pas l’ « intimité » qu’ils possèdent ici et parce qu’ils n’ont pas envie que leur mal-entente se répande et devienne l’un des ragots croustillants du mois. Et puis surtout, il y a Maxence. Mon cousin, mais c’est comme si nous étions des frères. On est réellement proches, quand on est ensemble, le monde s’ouvre à nous et les problèmes disparaissent. Rien ne peut nous faire flancher. On est les rois du monde, les Indiana Jones de la journée, tout simplement.

« Okay. Donc il faut que je saute sur la poubelle, puis sur la planche de bois, sans toucher la mer, sinon, les crocrodiles me mangent, c’est bien ça ? » « C’est ça. Allez, saute ! » encourage-je mon cousin en tapant dans mes mains. « Tu crois pas que c'est un peu trop loin ? » « Mais non, bien sûr que non ! Tu peux le faire, fais moi confiance. » Le bout de sa langue dépasse ses lèvres et son pied touche le sol. « Vite, vite, vite ! » clame-je, alors qu’il saute sur la planche de bois, un air triomphant. Je souris avant de pousser un cri de victoire. « Yeah, t’es le meilleur Max' ! »


« Lucie, tu vas finir par t’essouffler, à vouloir me fuir comme ça ! ». La jeune fille s’arrête, les joues rougies par l’effort physique qu’elle vient de faire. En effet, Lucie n’a rien d’une grande sportive. Monter une côte la fatigue, alors fuir Louis, autant dire qu’elle se précipite vers la crise d’asthme. « Louis »… Ce stupide nom l’agace de plus en plus. Elle voudrait qu’il disparaisse, que les vacances arrivent et qu’elle n’ait plus à le supporter. Il l’énerve tellement, rien que ses manies, sa manière de marcher, ses expressions débiles, tout ça, ça lui fait péter des câbles. Pourtant, elle l’aime. Elle est folle de lui. Comment il s’intéresse à tout le monde, comment il va parler à tout le monde, peu importe sa hiérarchie à l’école. Tout le monde l’aime, Louis, parce qu’il est en toute simplicité et il fait rire tout le monde, même les profs ! Et puis il y a aussi comment il écoute n’importe qui et essaie d’aider les gens. Et son sourire, son regard malicieux… Mais bien sûr, il peut rêver en couleur pour qu’elle daigne parler ne serait-ce de ces drôles de sentiments à son égard. Même son amitié, il peut se la mettre là où elle pense. Et bien fort, s’il-vous-plaît.

« Va harceler quelqu’un d’autre, Leroy. » « Le roi harcèle qui il veut, d’abord. Compris, Delacour ? » « C’est nul. » « Je sais, mais c’est pas de ma faute si t’es tout un numéro à toi toute seule. » « Vive ma vie. »

Je souris et réduis les quelques mètres qui me sépare de Lucie. A crier dans la rue de cette manière, on ne doit franchement pas avoir l’air très fin. Elle croise les bras contre sa poitrine, l’air boudeur.

« Comment tu fais ? » « Comment je fais quoi ? » « Tout ça. A chaque fois qu’il y a un match de foot, on entend que t’as marqué un but. A chaque fois que quelqu’un a réussi un truc, on se doute que c’est toi. Mais le pire, c’est que t’es intelligent, mais tu perds plus ton temps à faire de ton intéressant auprès des filles qu’à travailler pour réussir encore plus. Tu sais, au final, ça ne t’apportera rien d’être si populaire. Les amis, ça se compte sur une main. Et puis même, t’es arrogant, chiant, tu veux toujours avoir raison, même quand t’as tort. T’as beau réussir, tout ne t’es pas dû non plus, tu sais. Tu te moques de tout et de tout le monde, t’es toujours là, à rien prendre au sérieux et à tout foutre en l’air. Dès que quelqu’un te parle, tu le rabaisses en prenant ses propres mots. T’es méchant, Louis Leroy. T’es méchant et cruel. J’ai hâte que tu t’foires en beauté, que t’apprennes un peu ce que c’est, la vie. » « Mais tu m’aimes bien. » Elle me fait les gros yeux, je la sais à deux doigts de me gifler. Toutefois, j’approche mon visage du sien, quelques centimètres à peine évitent tout contact entre nos deux personnes. Je rétorque, avec autant d’arrogance que de défi : « Sinon, tu ne me dirais pas tout ça. » Elle fulmine, me repousse, soupire. « C’est surtout parce que t’es le stupide délégué de notre classe et j’veux avoir les félicitations aux trois trimestres. » « Oh, si ce n’est que ça, je ne parle qu’en nature. »


« Louis, le roi du lycée. Toutes les filles tombent pour toi, alors que tu lèves à peine le petit doigt. » Elle s’énerve tellement, que j’entends sa respiration siffler sous ses paroles « haineuses ». « Tu écris une chanson à mon effigie ? Que c’est mignon, Lucie. » Elle s’arrête, me lance ce regard qui fait croire aux communs des mortels qu’en effet, si elle avait des révolvers à la place des yeux, je serais mort sur place. J’ai souvent le droit à ce regard, à croire que je suis insupportable et qu’on désire souvent ma mort. Pourtant, je suis plutôt celui à tuer les filles, qu’elles, à me faire du mal. « Si tu crois que les rimes étaient faites exprès, tu t’enfonces le doigt dans l’œil, et cela, jusqu’au coude ! » Je souris, l’air malicieux, presque enfantin. Ce sourire qu’elle abhorre tellement car il est la preuve qu’elle s’est faite encore avoir par un de mes tours de passe-passe. Elle me déteste tellement pour ma répartie, pour mon esprit de contradiction, pour mon entêtement d’avoir toujours raison, et surtout, cette manie de se foutre de sa gueule continuellement. Parce que oui, Louis, il n’a peur de rien et il connait sa valeur. Elle ignore s’il se surestime ou pas, mais ce qui est clair, c’est qu’il n’a jamais froid aux yeux, sait de quoi il est capable, et n’hésite jamais à en tirer profit. Il n’est pas stupide, au final. Ses effronteries payent toujours. A croire qu’il a free, qu’il a tout compris. Abruti. « Retranscris pas tes fantasmes de vierge sur mon œil, quand même. » Un coup sur l’épaule, avec presque autant de force que celle que peut exercer un cure-dent avec toute la volonté du monde. La jeune femme reprend la parole, rouge de colère : « Putain, c’que t’es chiant. On peut rien te dire sans que tu…Rhaa. Tu fais chier. » Je ris doucement, et à l’ouïe de mon rire, elle ne peut pas s’empêcher de sourire. Elle essaie de retenir l’étirement de ses lèvres, mais rien à y faire, c’est plus fort qu’elle. Elle grimace, ce qui me fait encore plus rire, et résultats des courses : l’adolescente rougit. « T’es vraiment la personne la plus chiante que je connaisse, tu sais ? » « Mais tu m’aimes autant que tu me hais. » Un silence s’installe entre nous deux. Je m’arrête, incroyablement déçu de ne recevoir aucune réponse de la part de ma voisine depuis toujours. « Allez, ne me fait pas dire quand même le « qui ne dit mot, consent. » Lucie ! Ne me déçois pas ! » « Aurais-je trouvé ta corde sensible, Loulou ? » Un sourire mesquin sur le visage, elle me guette néanmoins du coin de l’œil, comme si elle craignait que je l’attaque physiquement. Un nouveau silence s’installe, si bien qu’elle se retourne vers moi, un air euphorique éclairant son visage de bonheur « Qui ne dit mot consent, c’est bien ça ?! »


« Pauvre con. Sale ordure. Ne m’approche pas ! » Je me stoppe, ses dernières paroles s’étaient faites sur un ton si aigüe que l’espace d’un instant, je l’avais craint. Craint qu’elle se transforme en ratte, qu’elle explose ou qu’elle fasse une crise, je n’en sais rien, mais j’avais, en quelque sorte, aussi mièvre et romantique cela puisse paraître, craint pour sa vie. Ca devait bien être la première fois, tiens. Néanmoins, elle l’ignorerait certainement, car j’étais figé devant elle, estomaqué. Elle respire bruyamment, j’ouvre la bouche pour essayer de l’apaiser, bien que cela semble aussi possible de ma part que de traverser l’Océan Atlantique à la nage. « Non ! Surtout, ne dis rien. Ne prononce pas un seul mot, Louis, je te préviens. » Son doigt accusateur me pointe, j’ai l’impression d’être à la place de ces sorcières pendant les fameuses chasses d’antan. Je referme la bouche, docile. Elle soupire, se laisse tomber mollement sur le sol. Elle me donne l’image assez amusante d’une poupée de chiffon. « Bien. J’aurais pas tout perdu. » « Lucie, tu sais bien que… » « Je sais bien quoi ? Que t’es qu’un sale con ? Oui, ça, c’est sûr, je le sais. A mes dépends, malheureusement. Je pensais que y’avait quand même quelque chose de bon en toi. Imbécile naïve que je fais. Il n’y a rien de bon, en toi, Louis. C’est dans ta définition. » « Je ne l’aurais jamais fait ! » Pour la première fois de ma vie, je criais sur Lucie. Pour la première fois de nos vies, on s’engueulait vraiment. « Tu crois vraiment que je vais te croire ? Tu me penses vraiment si conne ? Donne-moi au moins une seule raison pour laquelle tu ne me l’aurais pas fait. Une seule. » « Parce que je te respecte. » Un silence s’installe, ce genre de silence qui vous étouffe et semble prolonger les secondes en heures. Elle me jauge du regard, comme si elle s’était installée un détecteur de mensonges dans l’organisme pendant la nuit. Elle se relève, me frôle, ne me laisse ni regard ni parole et s’enferme chez elle.

« C’était qui, la furie ? » Je me retourne, derrière moi, Maxence me regarde, l’air interrogateur. « La voisine. » rétorquais-je simplement. « Mais encore ? » Je soupire, crache le morceau : « J’ai fait un pari avec les copains. On devait se taper le plus de filles. Et une vierge comptait triple. » Je me tourne vers la maison, l’air nonchalant, pointant la porte de chez Lucie : « Elle l’est. » Maxence alterne son regard entre ma personne et la maison, comme s’il effectuait un quelconque calcul mathématique « Tu te l’es tapée ? » Je fronce les sourcils, perdant patience à mesure des interrogations de mon interlocuteur « Non. Mais elle a appris l’existence du jeu et l’a mal pris, pensant que mon but était de le faire. Que je lui parlais uniquement pour ça » « Tu l’aurais fait ? » Je regarde mon cousin, comme si la réponse était évidente. Mais en fait, non. Je l’ignorais. J’aurais fait ce qu’elle aurait voulu, sans aucun doute. « Je sais pas, probablement. »


« Hannah ? » Je m'éloigne de la demeure d'un de mes meilleurs amis qui organisent une fête en vue de célébrer la fin de l'année scolaire. Par un pur miracle qui est composé en majeure partie de la patience infinie de la jeune femme que j'appelle actuellement, je suis parvenu à passer mon année. Alors qu'au début de celle-ci, je parvenais à peine à décrocher la moyenne dans une seule matière, je suis parvenu à terminer l'année avec des résultats corrects. Rien qui ne casse des briques, mais assez pour ne pas redoubler. Je distance de plus en plus ma personne du jardin de chez Spencer, appelant d'une voix plus forte : « Hannah ? ». Hannah a beau être une jeune femme intelligente, elle est aussi très joueuse. Trop, probablement. Elle perd continuellement son sérieux et a un goût pour l'aventure beaucoup trop prononcé. Mais surtout, et c'est pour cette raison que je suis si amoureux d'elle : elle rêve de voyager, de liberté, de découvrir le monde dans tous ses moindres recoins. Elle a le sens des détails, elle veut faire les choses bien, tout visiter, jusqu'aux moindres villages, car pour elle, c'est dans ces petits lieux que les plus belles choses se trouvent. « Han'... » Je trébuche sur une branche, me rattrapant sur le tronc d'un arbre. Quelques jurons filent entre mes lèvres, tandis que j'enfile ma chaussure et effectue quelques pas. Finalement, je me stoppe, croise les bras par-dessus ma tête, me rendant compte que, encore une nouvelle fois, les folies d'Hannah ne riment à rien. Elles représentent vraisemblablement les excentricités de la femme... J'extirpe mon téléphone portable, compose son numéro dans l'optique de la trahir. Finalement, quelque chose se mouve derrière moi et je me tourne vivement, un sourire triomphant étirant doucement mes lèvres. « Tu as enfin décidé de te montrer raisonnable ? ». Quelle idée, jamais Hannah aurait pu constituer une quelconque personne raisonnable.


J'ouvre les yeux sur un nouveau monde. Autour de moi, je ne reconnais rien, si ce n'est que le danger. Mon cœur s'accélère, ma respiration se saccade. J'inspire profondément, tentant de reprendre le contrôle sur mes émotions. Je jette un coup d'œil autour de moi, mes mouvements étant restreints par les barreaux qui m'entourent. Je n'ose même pas tenter de me redresser, je réfléchis simplement. Je réfléchis à la meilleure réaction à adopter, à la situation qui m'entoure. J'essaie de comprendre, d'assembler des pièces au puzzle qui compose le mystère qu'englobe mon présent. Mais rien. J'ignore s'il s'agit de jours ou d'heures qui me séparent de la nuit où je recherchais si fidèlement ma petite amie. J'ignore où je suis, j'ignore presque tout, si ce n'est quelques bribes de souvenirs rattachés à une attaque dont j'ai été victime. Mais l'identité de mon agresseur, tout comme les raisons de ma localisation dans cette endroit me sont obscures. En somme, bien que je sens le danger, que je suis placé en position de vulnérabilité, que je suis littéralement tenu prisonnier et que j'ignore ce qu'il adviendra de ma vie, j'essaie de comprendre, de trouver une solution pendant que je suis encore seul. Enfin, a priori. J'ai la violente impression d'être épris de naïveté au plus haut degré et que mon pessimisme risque bientôt de faire son apparition. Endoloris, je me tourne de manière à faire face à deux autres cages où deux individus, un garçon et une fille, reposent. Mes yeux s'attardent sur la jeune femme qui semble approcher les vingt-six ans et que je reconnais comme étant la serveuse du snack bar où nous nous rendions parfois les week-ends avec les copains. Ses traits sont tirés, son teint vitreux, elle expire la Faucheuse. « Reste couché. » Je sursaute légèrement, attirant mon regard vers le jeune garçon. La vingtaine à tout casser, un afro-américain, le garagiste de chez Moe's. « Pardon ? » « C'est ta meilleure chance pour qu'ils te laissent encore tranquille pour l'instant ». Je fronce les sourcils, m'interrogeant sur mille et uns sujets. « Ils » ? De qui parle-t-il ? Probablement de nos agresseurs, certes, mais ceci demeure toujours vague. L'idée qu'ils « me laissent tranquille » attire inévitablement la question de « Que comptent-ils me faire ? ». La porte du camion s'ouvre bruyamment et ce son m'est insupportable. J'ai l'impression qu'on essaie de me crever les tympans. Je plaque mes mains contre mes oreilles, tandis que la lumière du jour agresse mes yeux et qu'une forte odeur de produits chimiques, un peu comme lorsqu'on rentre chez le dentiste mais multiplié par dix, assaille mon odorat.

« Te voilà de retour parmi nous » prononce le nouvel arrivant d'un ton paternel, accompagné d'un homme que je ne parviens à quitter réellement des yeux, comme si j'essayais de trouver d'où je le connaissais. Vivement, une seringue pénètre ma chair. Je me débats brutalement dans la cage, si bien que la dite seringue se rompt. Je sens toutefois le liquide s'établir dans mes veines et envahir mon organisme. Des douleurs naissent et des étourdissements prennent possession de mon être, tandis que de gros élancements au niveau de ma tête me tiennent tranquille. Je gémis, tentant d'atteindre le point où la seringue s'est enfoncée, mais mon espace confiné définit l'action comme nullement possible. « Chut. Tout doux, tout doux. » articule le scientifique comme si j'étais un vulgaire chien. Comme s'il espérait m'adoucir avec ce genre de propos alors que... Je me redresse, cognant violemment ma tête contre le toit de la cage, mais déterminé à me venger sur celle-ci. Quelques coups de poing, des menaces, des grognements, des hurlements j'essaie à quelques reprises d'agripper la blouse qu'il arbore bien que ma main passe très justement entre les barreaux serrés. Je parviens à en écarter deux, jusqu'à ce qu'une objet volant non identifié pénètre ma chair après un coup de feu qui déchire indéniablement mes tympans. Je m'écroule contre le sol de la cage, les mains contre mes oreilles, crachant de rage, m'égratignant la tête de mes « ongles ».

Des heures et des heures de torture. Voilà ce qui m'attendait. Le lendemain de mon arrivée en état de conscience ici, la jeune femme disparut. Ou plutôt, sa cage revint vide. Marek et moi augurèrent sombrement mais justement qu'elle était décédée. L'objectif de nos ravisseurs étaient de se complaire dans leur connaissance des lycanthropes. Notre humanité volée par leur loup attitré, nous étions confinés dans ces cages comme de vulgaires rats de laboratoire. Nos Changements ne s'opéraient jamais complètement, ou alors, rarement, stoppés, ralentis, accélérés, par des substances chimiques diverses qu'ils injectaient dans nos veines inlassablement. Des douleurs qui s'étendaient sur des heures, des cauchemars et traumatismes qui perduraient, à nous rendre fou. A nous faire perdre le contrôle, nous rendre enragés. Une semaine plus tard, Marek décédait. Le lendemain, je parvenais à m'enfuir, profitant de l'inattention des deux hommes pour mettre les voiles. J'arpentais la ville où je résidais depuis des années, avec l'image de la seule femme qui m'avait permis d'endurer toutes ces souffrances : Hannah. Je me devais de la retrouver. Mais rester ici était suicidaire. Dans l'obscurité de la nuit, je quittais Nashville, un sac à dos sur l'épaule, remplis davantage de journaux que de vivres et vêtements.

Mes économies passèrent dans les billets de train. J'ignorais s'il s'agissait de paranoïa, mais je ne supportais pas de rester au même endroit pendant plus de deux semaines. Chaque regard attardé sur ma personne, chaque caméra, m'inquiétaient, tandis que je tentais d'élaborer un plan. Je ne pouvais retourner à Nashville, je ne pouvais rejoindre ma famille. Pas dans cet état. Je devais trouver un moyen, un remède, une cure. J'ignorais quoi, j'ignorais tout. Et surtout, je devais découvrir ce qu'il était advenu d'Hannah, je devais apprendre à me contrôler sur certains points pour ne pas attirer les soupçons, et l'idée de retourner dans cette cage semblait suffisante à altérer certains sauts d'humeur, bien que non sans difficultés. Les vols de ma main se multiplièrent. Vols de porte-monnaie, de vêtements, de nourriture. Ma rapidité nouvellement acquise composait un véritable atout à ma survie, bien que les sacrements me hantaient. « Tu ne voleras point ». « Tu ne mentiras point ». « Tu respectera ton père et ta mère »... Et le plus effroyable de tous « Tu ne tueras point ». Et si j'étais responsable de sa mort ? J'ignorais de quoi j'étais capable sous ma forme lupine, je me savais difficilement contrôlable, je me savais dangereux, meurtrier, enragé, fou. Et surtout, je n'avais pas le souvenir de plusieurs moments sous ma forme de loup, ce qui n'était pas pour me rassurer. Je vivais dans le pêché. Je n'étais même plus un homme, je n'étais même plus quelqu'un de bien selon la religion à laquelle j'avais toujours obéit si pieusement. Ma vie subissait la même douloureuse, instable, cruelle transformation que mon corps. J'avais été préservé de ce monde, ces « chimères » comme nommaient mes parents et les maîtres de l'éducation que j'avais reçue. Tout ceci n'existait pas, ne pouvait exister. Il fallait censurer ces folies, ces perversions sataniques. Pourtant, aujourd'hui, je subissais les conséquences de ces censures, j'étais l'agneau égaré d'un dieu qui me châtierait probablement et j'ignorais même dans quel monde je pourrais exister sans me sentir traqué, menacé, battu.

Je concentrais mon ouïe dès que j'entendais des termes relatifs au milieu duquel j'avais été imperméable durant mon enfance. Je cumulais des informations, des rumeurs d'humains inquiets ou curieux. J'ignorais si fabulations il y avait et de toute évidence, je n'étais pas sorti de l'auberge en terme d'ignorance. Dès qu'une porte semblait s'ouvrir, des milliers apparaissaient. Les questions se décuplaient tandis que les réponses frisaient le statut d'inexistantes par l'incohérence des dires.


« Le corps d'une jeune fille retrouvée. » surplombait une photo souriante et heureuse de Hannah dans le dernier journal que je venais de subtiliser. Je tournais les pages si violemment que certaines se déchirèrent et partirent au vol. Je finissais par lire l'articule du bout d'un doigt agacé. Autant dire que le journaliste avait fait un excellent travail pour rédiger autant de ligne et ne rien dire du tout au final... Je levais les yeux, exaspéré, tandis que je faisais face à mon propre reflet. Sur le siège de train en face de moi un vieillard lisait le journal et une petite photo de ma personne suivie de quelques informations donnant quelques caractéristiques physiques de l'individu que j'étais, encadré de la notion « Recherché » et d'autres termes tout aussi rassurants me narguaient. J'écarquillais les yeux, suffoquant. Je me sentais pris comme un rat, j'avais l'insatiable envie d'arracher des mains le journal de ce maudit voyageur et le broyer en morceaux. Ma respiration s'accélérait, tandis que la frustration s'intensifiait. C'était la goute qui faisait déborder le vase. « Jeune homme ? Jeune homme ? » Je rejetais violemment le bras incessant qui tentait d'attirer mon attention. La jeune femme poussa un cri indigné tandis que je me précipitais vers les toilettes. Je parvenais à verrouiller la cabine qu'après trois tentatives, ce qui ne fit qu'accentuer mon état de rage, et me retourna brutalement vers la glace surplombant un mini lavabo. Des yeux ambre scintillaient, pétillants. J'ouvrais les robinets, comme si j'espérais que de l'eau stopperait le Changement et mordais violemment ma lèvre inférieur, la douleur s'installant, insupportable. Quelques gouttelettes de sang roulèrent sur l'ivoire du lavabo tandis que j'éclaboussais d'eau dans ma panique l'intégralité de mon environnement. Cette cabine me rappelait insatiablement la cage qui me revenait en flash-back, si bien que je me croyais presque dans un mauvais film. Je glissais mollement contre la porte, implorant stupidement à Hannah de m'aider, alors qu'une petite voix dans ma tête me clamait, triomphante, qu'elle était morte et que probablement je serais le prochain, ou qu'au mieux, je subirais de nouvelles expériences par un savant fou et périrait, aux bouts de mes forces, affligeant un nouveau trait sur le calepin qu'il trainait et chérissait comme son propre enfant.


Je sursautais au son d'un klaxon. Je m'étais assoupi avant la nuit sur la vieille banquette arrière d'un tacot que j'avais adopté à mon arrivée dans la ville d'Aberdeen. Je risquais un coup d'œil au dehors, remarquant avec horreur que j'avais dû dormir une bonne partie de la matinée. Que j'avais « dormi ma vie » comme le disait si bien une de mes amis. J'ouvrais discrètement la portière, me glissant à l'extérieur, mon fidèle sac à dos dans une main. Je refermais tout aussi précautionneusement la portière et me faufilais dans la ville, la faim me rendant d'une humeur massacrante.

PSEUDO / PRÉNOM ☞ addie.
PRÉSENCE ☞ cinq/sept.
OU AVEZ VOUS CONNU LE FORUM ☞ par bazzart.
COMMENTAIRE(S) ☞
POSTE VACANT, SCENARIO OU INVENTÉ ☞ inventé.
COMPTE PRINCIPAL OU DC ☞ compte principal.
AVATAR ☞ steven r. mcqueen. merci énormément à ceux qui m'ont conseillée