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Ils pensaient que les ténèbres étaient un subtil mélange d’une réalité issue de leurs cauchemars les plus fous et d’une menace destinée à les garder dans le droit chemin. Ils étaient intimement convaincus que les légendes et les histoires urbaines n’étaient là que pour les divertir, distraire leur esprit de leur vie tracée avant même leur naissance, par des parents ne pouvant contenir leur joie à l’idée de donner la vie. Il n’y avait rien de plus fort que la faculté des humains à se voiler la face, à construire une bulle autour d’eux afin de s’assurer que rien ne viendrait déranger le destin qu’ils s’étaient inventé. Pourtant, ils ne purent ignorer la photo qui faisait la une de tous les journaux en ce matin du 3 Janvier 2010, et passant en boucle sur toutes les télévisions du monde en entier : celle d’un soldat américain, sortant d’un bâtiment en feu et tenant dans ses bras un enfant. Comment oublier le regard plein d’espoir de cet orphelin, qui ne semblait pouvoir quitter des yeux son sauveur… mais surtout, comment ignorer un humain sortant indemne d’un brasier dans lequel personne n’aurait pu survivre.

Personne sauf les loups garous, ces créatures que chacun pensait issues de l’imagination bien trop débordante d’un auteur à succès et n’existant que dans les univers fantastiques. Cela fait maintenant un an que les humains avaient découvert l’effroyable vérité : les ombres qui se mouvaient autour d’eux n’étaient plus si irréelles que cela. Un an déjà que les loups avaient fait leur « coming-out », dévoilant le visage de ceux qui le voulaient bien en plein jour et continuant de vivre leurs vies comme les parfaits citoyens qu’ils étaient. On les montrait comme étant inoffensifs, on prouvait qu’ils pouvaient faire la différence contre un destin qui n’était guère clément pour les plus faibles ; il n’y avait de meilleur pompier ou officier de police qu’un lycan à la force surhumaine, et personne ne pouvait être plus en sécurité qu’auprès un être capable de presque tout.

Pourtant, leurs secrets n’avaient jamais été aussi bien gardés. Car si les mortels savaient ce qui se cachait réellement dans l’ombre, s’ils soupçonnaient l’espace d’un instant que bien d’autres créatures surnaturelles vivaient au milieu d’eux, ils ne seraient sans doute pas aussi cléments avec une race capable de les décimer le temps d’un battement de cœur. Car le danger n’arrive jamais de là où on l’attend le plus.