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~¤* The life is worth nothing but nothing beats life *¤~

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Shanaë A. Blake

Shanaë A. Blake




Date d'inscription : 07/10/2011
☞ Messages : 38
☞ Pseudo : Sha, Sunny
☞ Talismans : 34
☞ Crédits : Bazzart, Sha
☞ Âge du personnage : 25 ans
☞ Job : Danseuse à la Lune Bleue
☞ Mood : Viens me voir et tu le sauras

The Eye of the Crow
☞ Race & Caste: Soumise de la meute de la péninsule Olympique
☞ Particularité(s):
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MessageSujet: ~¤* The life is worth nothing but nothing beats life *¤~ ~¤* The life is worth nothing but nothing beats life *¤~  EmptyVen 7 Oct - 10:30

❝ Shanaë Ambre Blake ❞
~¤* The life is worth nothing but nothing beats life *¤~  20222710
❝ I wanted to live deep to put to rout all that was not life and not when I had come to die discover that I had not lived.
Carpe Diem ❞


❝ Until death do us part ❞

AGE  25 ans, a été changé à 20ans.
ORIENTATION SEXUELLE☞ Hétérosexuelle.
ORIGINES  Sa mère était Canadienne, et elle a suivi son père en Amérique. 
RACE Lycan
CASTE Soumise meute de la Péninsule Olympique
OCCUPATION Danseuse à la Lune Bleue
CARACTÈRE Sensible இ Joueuse இ Posée இ Loyale இ Vive இ Sincère இ Aimante இ Généreuse இ Têtue இ Epicurienne இ Combative இ Intelligente இ Fragile இ Respectueuse இ Ironique இ Optimiste இ Directe இ Naturelle இ Intuitive இ Touchante இ Curieuse இ Communicative இ Suspicieuse இ Attachante



❝ Behind blue eyes ❞

PSEUDO / PRÉNOM Roxy x) 
PRÉSENCE 4jours/7 je dirais. Cette année pas trop possible d'être à 100% sur l'ordi. 
OU AVEZ VOUS CONNU LE FORUM … Bonne question, il traine dans mes favoris depuis un moment, mais de là à me rappeler comment je suis arrivée ici... Partenariat il me semble... 
COMMENTAIRE(S) Ce fow est magnifique. Un design recherché, un contexte vraiment entrainant, tout ce qu'on peut rechercher dans un Rpg ^^ 
POSTE VACANT, SCENARIO OU INVENTÉ Inventé
COMPTE PRINCIPAL OU DC Compte principal et unique
AVATAR Doutzen Kroes


Dernière édition par Shanaë A. Blake le Jeu 13 Oct - 10:25, édité 7 fois
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Shanaë A. Blake

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MessageSujet: Re: ~¤* The life is worth nothing but nothing beats life *¤~ ~¤* The life is worth nothing but nothing beats life *¤~  EmptyVen 7 Oct - 10:30

❝ Running up that hill ❞

~¤* The life is worth nothing but nothing beats life *¤~  Copie_12
❝ Do not think I'm the prey. Fragility may be only an appearance. ❞



POURQUOI AVEZ-VOUS DÉCIDÉ DE CHANGER ?
J'étais perdue, je n'avais plus rien. Mon âme détruite, mon corps brisé... Juste une chose que l'on a utilisé et qu'on jette par la suite. Il ne restait plus que la douceur accueillante des ténèbres et la fin. Malgré la jeunesse c'était la seule continuité que je voyais à ma vie.
Et puis il est arrivé, si différent des autres, et alors il m'a offert une autre voie, une autre vie. Tout recommencer, tout changer. Il lui a fallu un an pour me sortir de l'enfer où je m'étais profondément enfoncée. Et alors il m'a donné ce choix : où de rester mortelle et alors il disparaitrait de ma vie, ou je me risquais sur cette pente glissante qu'était l'immortalité. Je connaissais les risques, je savais qu'à ce petit jeu je pouvais perdre la vie. Mais je le voulais... Me croiriez-vous si je vous disais que c'était le destin ? Qu'inconsciemment c'est ce que j'avais attendu pendant tout ce temps ? Je me raccrochais à cette idée, et ce fut le début, le début de tout, la fin d'une vie.
COMMENT S'EST DÉROULÉE VOTRE TRANSFORMATION ? Tous ses mots n'étaient pas assez forts pour décrire la douleur qui me transperça. Il m'avait prévenu, il m'avait tout dit, mais lorsque cette souffrance explosa dans tout mon corps, les paroles perdirent tout leur sens. Je sentais cette bête en moi qui montait montait, dévastant tout sur son passage, me détruisant de l'intérieur. J'avais l'impression qu'on me déchiquetait vive. Je n'avais plus conscience de ce qui m'entourait, ne restait que la peur, la violence, la douleur, le sang, et mes hurlements. Et cette chose en moi qui grandissait, envahissant mon esprit sans que je ne pusse rien y faire, perdre totalement le contrôle sur mon propre corps. Je crus vraiment que j'allais mourir, que je faisais partie de ces personnes pas assez fortes pour survivre à la transformation. Mais à l'instant même où cette idée me traversa l'esprit, je compris que j'avais le choix. Alors je me suis mise à lutter, lutter pour trouver de l'air, lutter pour penser, lutter pour vivre. Il était hors de question que je meurs maintenant, pas après avoir traversé tout ça. Après de longues minutes éreintantes je sentis soudain comme une libération, et le loup en moi qui hurlait le bonheur d'être enfin entier. Sur cette dernière pensée je perdis connaissance, purement et simplement.
COMMENT SE PASSE LA COHABITATION AVEC VOTRE LOUP ? Au début, comme pour chacun je pense, la relation entre ma louve et moi fut compliquée à mettre en place. Nous nous cherchions l'une l'autre, quels étaient nos limites, nos caractères. Mais n'étant ni l'une ni l'autre d'un fond belliqueux il n'exista jamais de réelle lutte pour savoir qui avait le contrôle. C'était plutôt comme une sorte de complémentarité, et en entendant le récit de certains autres lycans je m'en réjouis. Bon il est vrai qu'au commencement il fallait que j'apprisse à me maitriser, une colère trop vive pouvait me faire lâcher prise un peu trop facilement. Bien que nous soyons différente, elle plus joueuse et instinctive, moi nécessairement plus réfléchie, nous sommes toutes les deux pacifiques, alors nul raison de se battre. Et souvent ses pensées plus simples de lupin m'aide à aller mieux en cas de blues.
DESCRIPTION DE VOTRE LOUP Une petite louve à la fourrure de soleil, voilà ce qu'on pourrait dire d'elle. Oui ma louve est plus menue que la plupart des autres, même si lorsque l'hiver vient elle double quasiment de volume avec son pelage qui s'alourdit. Ses yeux sont d'un couleur caramel, or vibrant, un peu de la même couleur que mes cheveux et le bout de ses pattes, ainsi que sa queue sont sont d'un beige pâle presque blanc. Le duvet qui recouvre ses oreilles, ainsi que son dos est presque roux et elle se fond mal dans le paysage. Sauf peut-être dans la savane... Mais passons. Comme tous les loups elle est dotée d'une grande endurance, et elle compense sa faible taille par une vivacité remarquable et des sens acérés. Elle est très joueuse et il peut être certain qu'elle tentera d'entrainer d'autres loups dans ses lubies si je ne la maitrise pas un minimum.
LE DIRECTOIRE Une instance nécessaire mais peut-être un peu effrayante. Leur décision fait loi, alors comment ne pas les craindre un minimum ? Ce serait folie. Alors laissons-les faire leur boulot et évitons de faire des bêtises.


❝ These violent delights ... ❞
~¤* The life is worth nothing but nothing beats life *¤~  Doutze12
❝ If you want to know me open the door of my mind. ❞



இ Elle a une confiance aveugle en son protecteur, celui qui lui a offert une nouvelle vie. Il est le seul à la surnommer Saphyr.
இ Lorsqu'elle donne son amitié ou son amour c'est de manière totale, elle ne joue jamais sur les sentiments des autres parce qu'elle n'aimerait pas qu'on joue avec les siens. Peut-être est-ce dû à son passé, mais il lui faut du temps avant qu'elle fasse confiance à une personne, il faut apprendre à l'apprivoiser.
இ La jeune femme a deux points faibles : le chocolat, bien noir et amer, et le café, dans le même ton. Quand elle ne va pas bien c'est sur ces deux aliments qu'elle se jette en premier. Et lorsque vraiment plus rien ne va son café s'accompagnera d'une bonne dose de sucre.
இ Lorsqu'elle est nerveuse elle joue avec ses cheveux, c'est un simple réflexe et elle ne s'en rend même pas compte.
இ Elle n'aime pas se prendre la tête lorsqu'il s'agit de se vêtir, de plus elle porte rarement de bijoux, le naturel lui va comme un gant.
இ Elle adore lire c'est une véritable passion, d'ailleurs elle a des étagères remplies de livres à son appartement, et elle maitrise le latin.
இ Prier ce n'est pas pour elle, depuis longtemps elle a perdu confiance en ce Dieu sensé être miséricordieux. Pourtant elle peut apprécier d'être dans une église pour le calme qu'il y règne.
இ Même si c'est une soumise de nature elle défendra ce qu'elle pense être juste face à quelqu'un de son niveau ou un mortel. Bien sûr face aux dominants elle se contente de faire profil bas.
இ La jeune femme fait du sport régulièrement. Un esprit sain dans un corps sain comme dit le proverbe. Elle aime bien courir, se défouler, chasser toute pensée de sa tête, ce sentiment de liberté alors... Et elle pratique quelques sports de combat.
இ Elle n'est nullement pudique, après tout elle est une louve et à quoi cela servirait-il d'avoir honte de son corps ? Cela ne lui pose donc pas de problème d'être nue face à d'autres personnes, que ce soient des hommes ou des femmes, et encore heureux vu son métier. D'ailleurs quand elle est chez elle, il n'est pas rare de la voir se balader seulement avec un tee-shirt ou en robe de chambre.
இ Elle essaie autant que faire se peut d'être optimiste, ce serait trop bête de gâcher des années à se morfondre sur soi-même, et elle a déjà dépassé ce cap.
இ Elle aime les contacts charnels, comme la grande majorité des loups d'ailleurs, ça la rassure, et c'est un manière plus sûr que tout pour montrer ce qu'on pense sans ouvrir la bouche.
இ Elle ne touche plus aucune drogue, que ce soit alcool ou cigarette, et encore moins les drogues plus dures, elle en a trop souffert.
இ Elle adore la pluie, le bruit la calme et l'aide à mieux dormir. Et puis quoi de mieux que d'être confortablement installer chez soi alors que dehors c'est la tourmente ?
இ Elle n'a aucun problème pour se lier d'amitié avec une personne, mais en ce qui concerne l'amour il faudra du temps pour que quelqu'un parvienne à la toucher à ce point. Avec son passé elle ne fait pas totalement confiance ni aux hommes, ni aux femmes dans ce domaine.
இ Elle aime beaucoup la musique classique, d'ailleurs elle en a plusieurs cds chez elle.
இ Elle n'est pas trop du matin étant donné qu'avec son métier elle se couche souvent tard. Si vous ne voulez pas l'énerver évitez de la réveiller à point d'heure, sinon ce sera à vos risques et périls.
இ Il lui arrive parfois de parler à voix haute quand elle souhaite avoir l'avis de sa louve, même si elle essaie d'éviter lorsqu'elle est en présence des autres membres de la meute. Il est vrai qu'elle n'en a pas besoin tout se passe par ressenti, mais c'est plus une manière de focaliser son attention.
இ Elle essaiera toujours de venir en aide à ceux qui sont dans le besoin. Elle est peu, voire pas du tout rancunière. Sans que ce soit de la naïveté ce serait plutôt parce qu'elle pense ne pas avoir de temps à perdre à en vouloir à quelqu'un éternellement.
இ Elle a horreur du mensonge, mais manie très bien l'omission, ce qu'on apprend très vite à faire lorsqu'on côtoie des lycans.
இ Elle ne fait pas partie des loups qui ont fait leur coming out, pour la simple et bonne raison que ce ne serait pas très utile, elle n'a pas le profil type de ce qu'on cherche à montrer aux humains.
இ Elle sait où est sa place et ne tentera jamais rien d'irréfléchie, même s'il lui arrive d'être parfois idéaliste.
இ Shanaë était le prénom de la mère de Warren son protecteur. Après son Changement elle a voulu changé d'identité car pour elle c'était une renaissance. Elle a alors dit à Warren, qu'elle considère comme son père, de lui en donner un nouveau. Il a refusé, tout en laissant entendre que sa mère qui s'appelait Shanaë était quelque de bien et de profondément aimante. Alors le prénom s'est imposé de lui-même.





Dernière édition par Shanaë A. Blake le Ven 14 Oct - 22:09, édité 12 fois
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Shanaë A. Blake

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MessageSujet: Re: ~¤* The life is worth nothing but nothing beats life *¤~ ~¤* The life is worth nothing but nothing beats life *¤~  EmptyVen 7 Oct - 10:31

❝ ... have violent ends ❞

    Une jeune fille d'une douzaine d'années est assise sur une balançoire, au milieu d'un terrain de jeu. Elle regarde en silence les autres enfants qui courent, qui rigolent. Elle reste immobile, cette belle enfant comme aurait pu dire une vieille femme, elle a de longs cheveux de la même couleur que l'or, ils tombent en cascade dans son dos, elle porte des habits des plus simples, juste de petites ballerines et un robe bleue pâle qui souligne l'éclat de ses prunelles saphir. Soudain elle tourne la tête, un homme vient d'appeler son petit garçon, ce dernier se précipite vers lui et se retrouve soulevé du sol par sa mère qui vient d'apparaitre au côté de l'homme. Ils rient tous les trois, et ce bruit parvient aux oreilles de la gamine avec une douleur cruelle. Ils s'éloignent main dans la main, le garçonnet se laissant porter à moitié par ses parents qui rigolent encore. Une larme coule le long de la joue de la petite blonde, une unique goutte qui montre toute sa tristesse au monde. Et pourtant personne ne la voit, personne ne l'entend s'écraser sur sa cuisse. Alors elle se lève, parce que de toute façon elle ne peut pas passer la nuit ici, elle a quand même un chez elle, même si elle ne veut pas y aller. Elle jette un dernier regard vers le tourniquet, en songeant qu'elle aurait bien aimé aussi que ses parents arrivent, l'appellent, la prennent dans leur bras et lui offrent leur sourire. Mais c'est le passé ça... Maintenant elle a grandi, et ce ne sera plus jamais comme ça.


Vous voulez connaître l'histoire de cette fillette ? Pourtant ce n'est pas la plus belle, pas une de celle qui commence par il était une fois et qui finit par ils vécurent heureux, c'est seulement l'histoire de la vie, de la lutte, de l'abandon, de l'espoir, si c'est cela que vous voulez entendre, alors restez là et poursuivez...



~¤* The life is worth nothing but nothing beats life *¤~  4327291
❝ Un instant j'ai pu croire que l'illusion tiendrait éternellement ❞


Au début mon récit ressemble à tout ce qu'il y a de plus quelconque sur cette terre. C'est l'histoire d'un homme, ingénieur lambda dans le bâtiment, envoyé pour quelques jours sur un chantier au Canada. Mais ces quelques jours allaient changer son avenir, car dans cette métropole où on trouve de tout il découvrit l'amour, le vrai. Ils étaient jeunes, ils avaient leurs vies devant eux, ils s'aimaient. On croit toujours qu'on est invincible quand on est deux et qu'on est encore remplient d'une innocente candeur, on pense alors que le monde nous appartient. La jeune femme qu'il séduisit venait de sortir d'une petite école de coiffure où elle avait appris le métier dans l'espoir un jour de créer son propre salon, lui était un ingénieur en tout début de carrière bien prometteur. Ils formaient donc un petit couple idéal aux yeux de leurs amis, et nul ne fut étonné lorsqu'ils annoncèrent leurs fiançailles. Cependant il existait bien une ombre sur ce bonheur, infime dans l'instant mais qui aurait dû alerter la promise. Le jeune homme, du nom de Damian, avait deux gros défauts. Tout le monde en a me direz-vous, mais laissez-moi finir. Il était incapable de voir une femme séduisante sans lui faire la cour, la charmer, et si cela ne suffisait pas il était aussi homme à jouer. Parier, manier les cartes, participer aux jeux de hasard étaient pour lui comme une drogue. Paige connaissait ses vices et lui avait fait comprendre qu'elle ne l'épouserait que s'il s'arrêtait. Bien sûr il promit, que pouvait-il faire d'autre ? Perdre la femme qu'il adorait ? Car oui, je pense qu'ils s'aimaient, réellement, sauf que ce n'était pas assez. L'amour est quelque chose de bien éphémère, alors que la passion du jeu et de la séduction... Mais nous n'en sommes pas encore là.

Je ne crois pas que cette promesse fut un mensonge, il devait vraiment le penser à ce moment là, persuadé que l'amour devait être plus fort que tout. Le mariage eut donc lieu, et pendant quelques temps rien ne vint perturber leur couple. Ils déménagèrent en Amérique, car Damian voulait y retourner depuis longtemps. Mais les années s'écoulèrent et l'homme ne put tenir son serment. Sans rien laisser paraître à sa femme il retourna aux salles de jeu, et même si elle s'en doutait peut-être elle préféra ne rien voir, se mentant dans sa grande naïveté. Et cela continua pendant quelques années. Puis comme n'importe quel couple de cette société ils eurent leur premier enfant qu'ils nommèrent Aaron. Peut-être qu'à la naissance de son fils Damian tenta de se ressaisir et d'abandonner son obsession, mais cela ne dura pas longtemps. Quant à Paige, trop heureuse d'avoir un enfant elle avait enfin une raison valable de ne pas voir les agissements de son mari. Tant que tous deux étaient tournés dans le même but : celui d'élever leur petit dans l'amour. Ce sentiment qu'ils avaient de plus en plus de mal à partager ils l'offraient à ce petit chérubin. Mais bientôt il ne fut plus possible à l'épouse de fermer les yeux : les comptes en banque parlaient d'eux-même. Le doute n'était plus possible, pourtant elle ne pouvait se résoudre à quitter cette homme pour qui elle avait toujours de l'attachement, elle lui demanda donc de nouveau de cesser cette folie. Contre toute attente il jura, c'est tellement facile de donner sa parole à n'importe qui pour n'importe quoi. Ses mots ne l'engageaient pas, ce n'étaient que des paroles prononcées. Il n'essayait même plus de stopper son addiction, il faisait juste plus attention. C'est à ce moment-là, 6ans après la naissance d'Aaron, qu'ils eurent leur deuxième enfant, une fille, née au début de l'automne alors que les arbres se teintent de dégradés de rouge et orange. Paige décida de l'appeler Ambre, comme la couleur de l'automne, mais peut-être aussi par rapport à une ancienne légende slave associant l'ambre aux larmes pétrifiées des Dieux et disant qu'il symbolisait également le lien éternel du mariage. Peut-être aurait-elle vraiment souhaité que ce fût vrai. Comme si je pouvais représenter un talisman protégeant leur mariage... Car oui : je suis Ambre Blake.

Je ne me rappelle plus exactement de ma prime jeunesse, ou juste des images éparses, sans suite logique, comme des photos que l'on regarderait après des années. Ma mère reporta tout son amour sur nous, sa réussite, son cadeau. D'ailleurs je ne me souviens pas avoir été malheureuse, bien au contraire. J'étais plus qu'entourée : des parents aimants, un frère toujours présent. Du plus loin que je me le remémore j'ai toujours été avec lui, je le suivais partout, il représentait mon modèle, mais plus encore mon protecteur. Nous étions toujours fourrés ensemble, impossible de nous voir l'un sans l'autre. Les enfants sont bien innocents et toujours très purs dans leur amour. Je me souviens d'un soir où je m'étais réveillée en sursaut après un cauchemar, j'avais peur, je pleurais. La seule chose qui me vint à l'idée fut d'aller dans la chambre de mon frère, en traversant le couloir silencieusement. Je pénétrai dans sa chambre jusqu'à son lit sans encombre. J'avais tellement l'habitude de venir ici que je savais où se trouvait chaque objet avec assez de précision pour ne pas buter dedans dans le noir. Je m'appuyai contre son lit et tendis la main pour lui secouer l'épaule et le réveiller. Ma petite voix s'élevant dans l'obscurité :


    « Je n'arrive pas à dormir. J'ai peur toute seule »


Il me regarda ensommeillé puis m'invita à venir avec lui et écarta la couverture pour me permettre de le rejoindre. Un sourire étira mon visage, car c'était exactement ce que je voulais. Je me hissai sur son lit et me glissai sous les draps chauds à côté de lui.


    « Bonne nuit grand frère. »


Notre mère fut inquiète le lendemain de ne pas me voir dans mon lit, mais surtout amusée lorsqu'elle me découvrit blottie dans celui de mon aîné. Il ne fut plus étonnant par la suite de me retrouver dans son lit, parfois même alors que je n'avais pas fait de cauchemars. C'est juste que j'aimais bien dormir avec lui, c'était réconfortant, il y avait quelqu'un qui me protégeait, alors nos parents ne s'inquiétaient même plus lorsque je n'étais pas présente dans mon lit au matin. Je n'ai pas d'autre souvenir marquant avant mon entrée en CP, une année importante pour un enfant, non ? Je n'eus aucun problème pour apprendre à lire et écrire, bien au contraire. J'étais tellement pressée de savoir. Chaque soir avant j'avais le droit à une lecture avant de dormir, soit de mes parents et de temps en temps de mon frère. Dès que je sus comment déchiffrer les mots et les phrases dans les romans je me retrouvai totalement passionnée. Il était rare de me voir sans un livre sous la main, ou dans le sac. Je me moquais d'avoir des relations avec l'extérieur, de toute façon j'avais mes livres. La plupart étaient de science fiction ou fantastique, j'adorais ça, pouvoir m'évader dans un autre monde, m'imaginer plein d'aventures. Peut-être un désir de fuir la réalité que je n'appréciais pas plus que ça. A l'école du fait de ma passion je n'avais pas d'amis, au contraire, les enfants n'aiment pas ceux qui sont différents. De plus je me révélais toujours être une bonne élève, ce qui pouvait aussi en agacer plus d'un. Et à la maison nous avions le droit aux disputes incessantes, je ne comprenais pas vraiment ce qui se passait, trop jeune pour voir ou cela menait. Tout ce que je savais était que mon frère était là, quoiqu'il arrive, toujours présent pour moi, et encore plus lors des accès de fureur de nos parents. C'était le seul en qui j'aurais pu avoir confiance les yeux fermés, je le suivais toujours partout et je savais au plus profond de moi qu'il serait toujours là, mon grand frère protecteur, un peu comme un héros pour moi. Il m'a toujours défendue envers et contre tous, et il voulait toujours me faire plaisir. Alors même si parfois certains de mes camarades de classe étaient désagréables ce n'était pas très grave, parce que je savais qu'il existait au moins une personne qui m'aimait, quoique je fasse. D'ailleurs quelque soit la période de mon enfance que je regarde il y a toujours Aaron. Je me rends compte aujourd'hui de tout le temps qu'il m'a sacrifié volontiers, alors que n'importe quels autres frères auraient laissé tomber leur petite sœur collante. Ce n'était pas son cas, bien au contraire. Dommage que ces temps presque idylliques devaient prendre fin brutalement.



~¤* The life is worth nothing but nothing beats life *¤~  5752722
❝ Même le rêve le plus doux peut prendre fin de la manière la plus violente ❞


Je n'ai jamais compris ce qui se passa ce jour-là. Nos parents se disputaient comme d'habitude, peut-être en cassant un peu plus d'objets. Je n'entendais pas ce qu'ils se disaient, ne percevant que des cris. J'avais rejoint Aaron dans sa chambre, comme à chaque fois que nos parents s'engueulaient un peu trop violemment, comme si être avec lui pouvait me tenir à l'écart de tout ce qui pourrait arriver de mal. Soudain le silence se fit... Je tournai la tête vers la porte, curieuse, jamais cela ne s'arrêtait aussi brutalement d'habitude. Les secondes passèrent, puis les minutes, aucun de nous ne parlait, comme si on sentait qu'il allait se passer quelque chose d'important. J'entendis des allée-retours derrière la porte, mon père marchant à grand pas et ma mère le suivant de son pas plus léger. Je ne savais pas ce qu'elle disait mais j'aurais pu jurer qu'elle pleurait, elle était souvent en larme d'ailleurs ces derniers temps. Nous les entendîmes redescendre les marches et la porte d'entrée s'ouvrir dans un claquement. N'y tenant plus j'étais sortie et m'étais accroupie en haut des marches pour voir la scène. Mon père fit un dernier volte-face juste avant de quitter la maison :


    « C'est toi qui l'a voulu Paige.
    - Non c'est toi et tu le sais, tu pouvais arrêter.
    - Ne va pas me dire que je me chasse de ma propre maison !
    - Adieu Damian. »


Elle avait l'air très digne en prononçant ces mots, malgré son visage baigné de larmes. Il sembla vouloir répondre quelque chose, mais finalement il franchit le seuil, sans un regard en arrière, et c'est la seule image que je devais garder de lui à jamais. Alors seulement ma mère s'autorisa à s'effondrer, elle se mit à pleurer, pleurer, rien ne pouvait la calmer, même pas le soutien qu'Aaron et moi tentâmes de lui offrir. Je ne voyais pas l'impact que cela pouvait avoir, je n'étais qu'une enfant...

Dans les mois qui suivirent ma mère tenta par dessus tout d'être forte, de nous sauvegarder, mais elle ne parvenait pas toujours à nous cacher sa douleur. Jusqu'au bout elle avait cru qu'il changerait, par amour peut-être ? Cependant il était impossible pour elle de gérer et sa douleur, et son travail, et sa fillette et son ado de garçon. D'abord nous changeâmes de lieu de vie, la maison étant bien trop grande pour nous trois et surtout trop chère à entretenir, elle loua donc un petit appartement en ville, pas trop loin de nos écoles respectives pour qu'on puisse se débrouiller seuls pour rentrer. Puis Aaron commença à changer, avec le départ de notre père il devenait l'homme de la famille, mais c'était un poids bien trop lourd pour un jeune homme de 16 ans, il ne pouvait pas l'assumer seul alors que même celle qui aurait dû rester forte baissait les bras. Il s'éloigna alors de la famille, de moi. Mon frère tant aimé devenait soudain moins présent, plus insolent, sa personnalité même s'en retrouvait bouleversée. Il fuyait ce rôle qu'on tentait de lui imposer inconsciemment. Il sortait souvent le soir avec ses amis maintenant, et je me sentais infiniment seule. Ne voulant pas non plus me retrouver comme unique soutien de ma mère lorsqu'elle avait ses soudain accès de désespoir, je me débrouillais aussi pour rentrer le plus tard possible de l'école. Je trainais au maximum sur le chemin de retour, prenant tout mon temps, craignant d'arriver à la maison pour la trouver en larme et inconsolable. Les enfants n'ont pas à réconforter leur parent, est-ce que ça ne devrait pas être le contraire ? Quoiqu'il en soit le sort allait continuer à s'acharner sur nous...



~¤* The life is worth nothing but nothing beats life *¤~  1729123
❝ Je croyais que tu serais toujours là pour moi, mais c'était un mensonge ❞


Comme à mon habitude j'étais restée de longues heures sur le terrain de jeu, à regarder envieuse les autres enfants qui couraient dans tous les sens, sous l'œil amusé et protecteur de leurs parents. Par contre quand je rentrai à la maison quelque chose se trouva être différent : le silence pesant. Normalement à cette heure-là elle était soit en train de préparer à manger, soit en train de pleurer bruyamment dans sa chambre. J'appelai, mais nulle réponse ne me parvint. J'allais jusque dans la cuisine et là je trouvai un mot accroché au frigo : « Je suis à l'hôpital, rejoins-nous quand tu seras rentrée. ». Juste une phrase et je sentis mon cœur s'arrêter, nous ? Le poids qui était apparu au creux de mon ventre depuis le début de l'après-midi se fit plus pesant encore, et je sentis la panique me gagner. Le centre hospitalier était à l'autre bout de la ville, je ne pouvais pas m'y rendre à pied. J'allais donc chercher dans la boite où je savais qu'elle rangeait ses quelques économies. Je ne connaissais pas vraiment la valeur de l'argent, mais il me semblait que c'était suffisant pour payer le taxi. Je redescendis en courant, manquant de tomber dans les escaliers. Je sentais que quelque chose n'allait pas, mais vraiment pas, et mes larmes se mirent à couler sans que je ne pusse les retenir. Une fois dans la rue j'arrêtai le premier taxi qui passait par là et je dus m'y reprendre à trois fois avant de pouvoir lui indiquer où je voulais aller. Face à cette gamine qui semblait totalement désespérée il n'eut pas le cœur de demander à être payé, et préféra me dire de me dépêcher. Ce que j'appliquai à la lettre, me précipitant alors que je savais que je ne voulais pas y aller, que je ne voulais rien savoir. Mais c'était plus fort que moi alors je courais. Heureusement, ou malheureusement... Je n'ai jamais réussi à me décider là dessus... Il me suffit d'indiquer à l'infirmière de garde mon nom pour qu'elle sache vers où m'accompagner et elle m'emmena vers une salle d'attente, en me lançant toutes les cinq secondes des regards désolés comme si je pouvais comprendre ce qu'ils signifiaient. Lorsqu'elle me laissa entrer dans le bureau d'un des médecins j'y retrouvai ma mère, assise, le regard vide. Elle tourna les yeux vers moi mais sans qu'elle parusse me reconnaître. Alors l'homme en blouse qui se tenait à ses côtés se leva et me prit par les épaules me faisant ressortir, je l'entendis dire à une des infirmières d'accompagner ma génitrice dans une des chambres libres car il lui avait administré un calmant au vu de son état de choc. Et moi je ne comprenais toujours pas, du moins ne le voulais-je pas vraiment. L'homme s'agenouilla devant moi et me prit les mains, hésitant, cherchant visiblement ses mots. Alors je l'aidai :


    « Il est arrivé quelque chose à mon frère ? »


J'avais gardé une expression totalement neutre, comme si rien ne pouvait me toucher en cet instant. Le médecin passa sa main dans mes cheveux, les ébouriffant légèrement. Il eut un sourire triste, et en disant que j'étais une petite fille très intelligente et courageuse il m'avoua la vérité. Aaron était mort... Un accident de la route, banal. Il était avec ses amis, ils avaient tous un peu trop bu, et lorsqu'il était sorti du bar il était allé sur la route, sans regarder, sans voir la voiture qui déboulait à toute vitesse. Je crois qu'à cette seconde mes yeux ne devaient pas être plus expressifs que ceux de ma mère quelques minutes auparavant. Je n'arrivais pas à l'accepter, à le comprendre, à l'admettre... C'était impossible, il ne pouvait pas être mort, je l'avais vu le matin même, il m'avait fait un bisou sur le front alors qu'il partait. Non, non, non, non, NON ! J'avais envie de me mettre à hurler, taper n'importe quoi, n'importe qui, à pleurer toutes les larmes de mon corps. Mais rien, je restais seulement immobile face à l'homme sans qu'aucun son ne quitte mes lèvres, un peu tremblante. Il me confia alors à la femme qui avait emmener ma mère et lui demanda de m'amener dans sa chambre. Voilà comment un adulte se débarrasse de ses corvées : il les donne à quelqu'un d'autre. Je me laissai faire sans rien dire, puis m'allongeai à côté de la femme dévastée qui aurait dû me prendre dans ses bras pour me consoler. Mais elle cilla à peine alors que je me plaçai à ses côtés. Ce fut seulement lorsque l'infirmière fut partie que je me mis enfin à pleurer, sans plus pouvoir m'arrêter, les larmes coulaient librement sur mes joues et bien que je fusse en présence de la seule famille qui me restait je me sentis seule, totalement seule au monde. Je pleurai jusqu'à ce qu'il ne reste plus une larme en moi, que mes yeux soient totalement secs, et que l'épuisement me gagne, alors seulement je pus m'endormir...

Un moment d'égarement lorsque j'ouvris les yeux, le temps de me rappeler où j'étais, la cruauté de la mort m'atteignit de nouveau de plein fouet et j'eus l'impression qu'un poids immense venait de s'abattre sur mes épaules. Je sentis un mouvement dans mon dos et je me tournai vers ma mère. Elle tendit les bras vers moi et je me pelotonnai contre elle, reconnaissante, jusqu'à ce qu'elle ouvre la bouche.


    « Aaron, je suis désolé... »


Je reculai brusquement et la regardai dans les yeux, ils me paressaient toujours un peu voilés, pourtant elle semblait bien me voir. Elle murmura de nouveau, j'indiquai avec tout le calme dont j'étais capable que je n'étais pas mon frère, que j'étais Ambre. Elle éclata de rire, ce qui me fit froid dans le dos. Je me sentais soudain paniquée, je ne savais pas trop si elle avait des visions où ce genre de chose, mais j'avais peur. C'est ce moment là que choisit le médecin pour entrer. Il la regarda en fronçant les sourcils puis s'avança pour l'ausculter, alors qu'elle continuait à m'appeler Aaron.


    « Bon ta mère et toi vous allez rentrer chez vous, et tu vas te comporter en petite fille très sage, ce que je suis certain que tu es. Là elle est en état de choc, mais d'ici quelques jours ce sera passé tu verras. Tout ira bien. »


Je ne répondis rien, comprenant par son ton qu'il cherchait seulement à se débarrasser de nous. Qu'en avait-il à faire d'une femme à moitié folle et de sa gamine de fille ? Alors nous rentrâmes à la maison, bien que la seule chose que j'avais envie de faire était de me jeter dans les bras de quelqu'un et d'implorer son aide. N'importe qui, n'importe quoi tant que je n'étais pas toute seule. Mais ce n'était pas ''correct'' de se comporter ainsi, alors je me contentai de suivre ma mère qui semblait toujours persuadée que j'étais mon frère. L'engrenage était enclenché...



~¤* The life is worth nothing but nothing beats life *¤~  8274044
❝ La déchéance est au pied de votre porte ❞


Je me haussai sur le tabouret et demandai au barman de l'autre côté s'il n'avait pas besoin d'une serveuse, ou même d'un plongeur, ou de n'importe quoi qui ressemblait à un travail et qui aurait pu me permettre de gagner un peu d'argent. L'homme bourru et bien enveloppé qui était en train de nettoyer des verres leva la tête et me détailla, comme s'il regardait un animal dérangeant.


    « T'as quel âge gamine ?
    - Je ne suis pas une gamine, j'ai seize ans.
    - Si toi tu as seize ans, moi j'en ai vingt. Il n'y a pas de boulot pour les enfants, c'est interdit par la loi de toute façon. Allez sors de là.
    - Mais j'ai besoin d'un travail, je suis très sérieuse vous savez, et je pourrais être très efficace.
    - Désolé, mais je n'ai pas de travail pour les fillettes.
    - Mais vous ne comprenez pas j'ai...
    - Écoute on ne va pas passer la nuit dessus j'ai dit non. Va retrouver ta maison et va jouer avec tes poupées. Là tu ne fais que gêner. »


Je soupirai et me laissai tomber du tabouret. J'avais eu la même discussion avec déjà une bonne vingtaine de personnes et toutes sans exception m'avaient tenue ce discours, trop jeune et patati et patata. Bon d'accord je n'avais pas vraiment seize ans, plutôt quatorze et demi (oui le demi était important) mais j'avais vraiment besoin d'argent. Au bout de quelques mois ma mère avait sombré dans l'alcool, et quelque temps après elle se faisait virer de son travail. Alors pendant des mois nous avons survécu tant bien que mal, j'essayais du mieux que je pouvais de faire disparaître ses bouteilles, de prendre le peu d'argent qu'on avait pour qu'elle ne l'utilise pas pour la boisson, mais elle restait ma mère, l'adulte de la famille, qu'est-ce que je pouvais bien faire ? Puis était venue une assistante sociale et elle avait changé la donne, elle avait prévenu que si ma mère continuait comme ça, elle ne pourrait plus me garder à charge, je serais alors placée dans une famille d'accueil. Cette idée m'était insupportable, bien qu'elle ne fusse plus que l'ombre d'elle-même elle restait celle qui m'avait mis au monde, qui m'avait élevée, je ne voulais pas qu'on soit séparées. Alors j'avais décidé que je trouverais un boulot qui nous permettrait de vivre un peu mieux et qui donnerait une illusion suffisante aux services sociaux. Pourtant le monde marchait contre moi, personne ne voulait d'une enfant, malgré toute ma bonne volonté je restais à la rue. Je sortis du bar dépitée, mon entrain du matin c'était envolé, et je désespérais de trouver quoi que ce soit. Je m'éloignai tête baissée lorsque j'entendis quelqu'un me héler.


    « Eh petite !
    - ...Je ne suis pas petite...
    - Peu importe, tu as dit tout à l'heure que tu cherchais du travail.
    - Moui.
    - Jusqu'à où tu serais prête à aller ? »


Je restai silencieuse un moment, jaugeant l'homme du regard. Il me semblait personne de peu de foi, mais jusqu'ici c'était le seul à m'avoir proposé quelque chose. Et surtout, j'avais besoin de cet argent, vraiment besoin...


    « Assez loin.
    - Alors viens, je crois que je connais quelqu'un qui aurait quelque chose pour toi. »


Je fronçai les sourcils et le suivis jusque dans les quartiers moins ''huppés'' de la ville. Il nous fit entrer dans un club, et je compris alors où il voulait en venir. Pourtant je ne me dérobai pas et nous nous trouvâmes bientôt dans ce qui ressemblait à un bureau et derrière lequel un homme âgé était assis, penché sur des feuilles de compte. Il releva la tête lorsqu'il nous entendit entrer.


    « Elle est bien jeune Geoffrey.
    - Oui mais déterminée. »


Le vieillard me lança un long regard, comme s'il lisait dans mon esprit. Je me dandinai mal à l'aise, je le trouvai un peu effrayant cet homme. On aurait dit un lion qui se pourléchait les babines en regardant une fragile gazelle, et c'est bien ce que je pensais être.


    « Comment t'appelles-tu belle enfant ?
    - A... Ambre Monsieur.
    - Et tu veux gagner de l'argent ?
    - Oui j'en ai besoin...
    - Bien très bien... Beaucoup d'argent ?
    - Juste assez pour pouvoir vivre avec ma mère.
    - Mmmm.»


Il s'approcha et attrapa mon menton, me faisant tourner la tête, me regardant comme on regarde un objet dont on souhaite faire l'acquisition, un frisson de dégoût glissa le long de mon dos. Je ne voulais pas avoir de contact avec cet homme c'était certain.


    « J'ai un boulot de serveuse ici... Pendant la nuit bien sûr, à toi de répondre aux désirs des clients comme tu l'entends. Mais saches que plus tu veux gagner, plus tu devras aller loin.
    - Je n'ai pas besoin d'aller loin, je veux juste de quoi manger...
    - Oui elles disent toutes cela au début... »


Sa voix et ses paroles me donnèrent l'envie de fuir le plus loin possible. Mais c'était le seul choix que l'on m'avait donné après tout... Et je pouvais me contenter d'être seulement serveuse, il l'avait bien dit. Il se replongea dans ses feuilles, et je compris que pour lui l'entrevue était terminée. L'homme qui m'avait amenée, Geoffrey si j'avais bien compris, m'accompagna jusqu'à la sortie et me dit d'être là demain soir à 21h précises.



~¤* The life is worth nothing but nothing beats life *¤~  5957435
❝ Je ne me sens jamais aussi seule que quand je suis avec toi ❞


J'attendais patiemment sur une chaise inconfortable dans une salle qui aurait voulu être accueillante et qui aurait peut-être pu l'être si il n'y avait eu cette couleur rose bonbon qui s'étalait sur les murs, une odeur écœurante de désinfectant, une femme désagréable qui ne faisait que crier depuis son comptoir, sans compter les autres personnes présentes dont la plupart ne cesser de geindre et de pleurer. J'étais là depuis déjà plusieurs heures, parfois à moitié endormie vu mon manque de sommeil. Comme chaque soir depuis maintenant deux ans j'étais partie au Club, ce n'était pas le bonheur et il fallait bien supporter quelques mains baladeuses, mais jusqu'ici je n'avais pas eu besoin d'aller dans une de ces chambres du premier étage. Contrairement à la majorité des autres filles et garçons qui travaillaient en même temps que moi. Ils étaient devenus une sorte de seconde famille, on était tous dans la galère alors on se serrait les coudes. Personne n'avait choisi d'être là, et pourtant nous n'avions pas vraiment d'autre solution, trop jeunes, pas de diplôme spécifique, si quelqu'un nous aurait embauché ç'aurait été pour nous exploiter et nous n'en aurions retiré qu'un salaire de misère. Je savais pertinemment que même sans coucher je gagnais plus que beaucoup de serveuse en ville, et si pour cela il fallait ignorer quelques gros lourds qui se croyaient tout permis et des nuits blanches à répétition et bien c'était un moindre mal. J'étais donc rentrer au petit matin et à peine étais-je arrivée que j'avais compris que quelque chose clochait : la porte n'était pas fermée à clé alors que normalement si. Une vague de panique m'avait saisie et j'avais déboulé dans le salon comme une dingue, lorsque j'avais vu ma mère à terre je me souviens avoir eu deux sentiments contradictoires, l'un était le soulagement, en me disant qu'enfin j'étais libérée, le second la sainte terreur à l'idée qu'elle soit morte. Une fois près d'elle je me rendis compte qu'elle était bien vivante, mais brûlante, de plus elle puait l'alcool à des lieux à la ronde. J'essayais de la réveiller en la secouant, puis en lui versant de l'eau glacée sur le visage, ce qui normalement fonctionnait, mais elle restait totalement amorphe. D'accord, ne pas paniquer, on reste calme et on ne crie pas comme une hystérique... Je ne voyais qu'une solution : je la soulevai et la trainai tant bien que mal dans la rue, une chance qu'elle ait perdu du poids, sinon je ne sais pas si j'aurais réussi. Je n'avais pas assez d'argent pour payer une ambulance, mais je pouvais prendre le taxi avec ce que j'avais gagné cette nuit. Dès que nous arrivâmes à l'hôpital le médecin n'eut besoin que de deux phrases d'explication avant de la prendre en charge et de m'envoyer attendre dans cette salle horrible. J'appuyai ma tête contre le mur lorsque j'entendis une voix masculine appelant ''Mlle Blake ?''. Je rouvris les yeux pour me trouver nez à nez avec celui qui avait emmener ma mère. Je hochai la tête et il me fit signe de le suivre. Nous arrivâmes dans le couloir et il m'entraina jusqu'à la chambre où elle se trouvait. Mais juste avant que j'ouvre la porte il posa sa main sur mon épaule et je me retournai vers lui.


    « Ecoutez, il ne faut plus qu'elle touche une goutte d'alcool.
    - Je le sais ça, mais comment voulez-vous que je le fasse ?
    - Non je suis vraiment sérieux, votre mère souffre d'une cirrhose alccolique, pour l'instant non-compliquée.
    - Pour l'instant ?
    - Il faut qu'elle reste quelques temps à l'hôpital pour être traitée, l'arrêt total d'alcool devrait améliorer son état, du moins éviter l'aggravation de la maladie. »


J'acquiesçai puis entrai dans la petite pièce blanche. Ma mère était allongée dans un lit qui paraissait trop grand pour elle, ses cheveux étalés sur l'oreiller. Depuis longtemps je ne l'avais pas vu aussi reposée, endormie on aurait dit une autre femme. Je m'assis à côté d'elle en silence pour ne pas la réveiller, et pourtant au fond de moi j'aurais voulu le faire, la secouer, lui crier dessus, lui demander pourquoi elle ne pouvait pas au moins essayer de vivre pour moi si ce n'était pour elle, seulement qu'elle me voit. J'avais pratiquement l'impression d'être une étrangère qui vivait dans la même maison qu'elle. J'attendis pendant une éternité à ses côtés et finalement je m'endormis, incapable de résister à la torpeur qui s'emparait de moi.



~¤* The life is worth nothing but nothing beats life *¤~  9576666
❝ Plus rien ne m'appartient, même pas mon corps ❞


La porte se referma en claquant alors que l'homme quittait la pièce. Je me retournai sur le lit, m'enveloppant des draps, alors que je tremblais de tous mes membres. Je me sentais sale, souillée. Et moi qui m'étais promis de ne jamais franchir ce cap... Un frisson glacé me parcourut alors que je pensais à ce que je venais de faire. De longues minutes s'écoulèrent, puis j'entendis la porte s'ouvrir et le matelas s'enfonça d'un côté alors qu'une main apaisante se posait sur ma joue. Je levai des yeux perdus vers Rosie, elle avait la vingtaine et était là depuis bien plus longtemps que moi. Elle eut un sourire réconfortant, c'était plus que je ne pouvais en supporter. Je me dégageai et sortis à moitié en courant de la chambre, ramassant au passage la robe que nous devions toutes porter et mes sous-vêtements, que j'enfilai en longeant le couloir. Puis je descendis quatre à quatre les escaliers et allai jusqu'aux vestiaires, repoussant ceux ou celle qui tentaient de me retenir. Il fallait que je parte, très loin, vite, sans me retourner. Je récupérai mes affaires et sortis du Club, sentant la brise glacée me fouetter le visage. Cela faisait plusieurs mois que ma mère était à l'hôpital et l'argent que je gagnais en tant que serveuse ne suffisait pas pour payer sa chambre, ses médicaments, le loyer et de quoi manger. Alors j'étais allée plus loin, pour la première fois, donnant à un inconnu la seule chose qui n'appartenait qu'à moi. Je m'appuyai contre un lampadaire et rendis mon repas de la soirée. Je me redressai et continuai à avancée hagarde, lorsque j'entendis un pas de course derrière moi et des bras m'enlacer, me retenant de force. Je sentis le parfum capiteux de mon amie et me laissai aller dans ses bras, éclatant en sanglots. Elle attendit patiemment que je me calme puis elle m'entraina dans un autre quartier, dans un bar encore ouvert, nous commandant à chacune un café. Elle revint avec les boissons et s'assit à côté de moi, sur un banc public.


    « La première fois c'est souvent comme ça... Si tu veux je te passerai de l'argent...
    - Non... Je sais que tu en as besoin, pour ta famille. Je survivrai...
    - Ambre... Ne t'inquiète pas ça va aller. »


Je tournai mon regard vers elle, nous savions toutes les deux que non ça n'irait certainement pas. Mais je fus touchée de son attention, alors je posai ma tête contre son épaule, profitant un peu de sa compagnie. Elle fouilla un instant dans les poches de son gilet et en sortit une liasse de billets qu'elle me tendit. Je savais pertinemment d'où ils venaient.


    « Non je n'en veux pas, garde-les.
    - Vu ce que tu as fait pour avoir cet argent hors de question que je te laisse l'abandonner. Prends-le. Ce serait bête de t'être sacrifiée pour rien. »


Son ton autoritaire et le fait qu'elle ait raison me fit plier. Je récupérai les billets, les regardant comme s'ils étaient des cancrelats vicieux, puis les fourrai dans ma poche sans plus de cérémonie. Au moins je pouvais m'en contenter pendant un certain temps, mais pas éternellement. Rosie se leva et posa un baiser sur mon front.


    « Allez Amby, je dois y retourner, écoute, rentre chez toi, mets-toi devant la télé, prépare-toi à manger, n'importe quoi. Tu verras ça t'aidera à penser à autre chose, je m'y connais. Allez courage. A demain. »


Elle s'éloigna sans que je la contredisse, parce que je savais pertinemment qu'elle était encore une fois dans le vrai : j'y retournerai. Parce que ma mère n'était pas prête de sortir de l'hôpital, parce que je n'étais pas prête à gagner au jeux d'argent. Alors j'y retournerai, et l'enfer recommencerait, encore. J'attendis encore un peu, mais finalement le froid eut raison de moi et je rentrais en courant à l'appartement, m'enfermant à double tour et m'enfonçant dans le canapé devant la télé, suivant ses conseils. Mais je ne parvins ni à m'endormir, ni à oublier, sentant encore le corps suant de cet homme contre moi. Je passais la moitié de la nuit dans les toilettes, incapable de me regarder en face et me sentant la plus pitoyable du monde.



~¤* The life is worth nothing but nothing beats life *¤~  5471377
❝ Jusqu'à la fin tu m'auras abandonnée à moi-même ❞


Rosie avait bien dit la vérité : ça finissait pas ne plus être aussi douloureux. J'avais fêté mes dix-huit ans depuis peu, mais j'avais l'impression que toute ma vie ne se résumait qu'à deux mots : Hôpital et Club. Ma mère était bien sortie il y a un an de ça, mais rien n'avait pu y faire, ni mes supplications ni l'ordre du médecin : elle avait recommencé à boire, quelques semaine avaient suffi pour qu'elle retourne à l'hôpital et ce de manière définitive, je la haïssais pour ça, comment avait-elle pu ? Quant au Club je m'y trouvais en ce moment même, entre les bras d'un homme pour lequel la qualification d'enveloppé était plus qu'un euphémisme. Dans ces moments-là c'est comme si je n'étais plus vraiment là, je savais ce qu'il fallait faire pour combler le client, pour gagner un maximum. Mais tous ses actes étaient devenus automatiques, si je le faisais consciemment j'allais devenir folle. Je n'étais là que physiquement. Soudain mon téléphone sonna. Je sursautai et repoussai l'homme qui poussa un grognement d'incompréhension. Je ne pris pas la peine d'éclairer sa lanterne. Je me penchai et saisis le téléphone, curieuse de savoir qui pouvait bien m'appeler à cette heure-là, le nombre de personnes ayant mon numéro devait se compter sur les doigts d'une main. C'était l'hôpital, je fronçai les sourcils et décrochai sous le regard interloqué de M.Gras.


    « Oui ?
    - Mlle Blake ?
    - La seule et unique.
    - Je, hum. Voudriez-vous bien venir à l'hôpital s'il-vous-plait... Il...
    - Elle est morte c'est ça ?
    - Non... Enfin oui, enfin...
    - Pas besoin de passer par quatre chemins j'ai compris. J'arrive. »


Je raccrochai immédiatement sur les protestations de l'homme. Pensait-il vraiment que j'allais m'effondrer aussi facilement ? Elle ne représentait plus rien pour moi, ce qu'elle était devenue ne pouvait être ma mère. Je sortis du lit et ramassai mes affaires.



    « Eh je peux savoir ce que tu fais là ?

    - Ça ne se voit pas ?
    - Mais on en a pas fini tous les deux !
    - Toi peut-être, mais moi si. De toute façon vous ne m'avez même pas encore payé, je ne vois pas où est le problème.
    - Mais...
    - Salut.
    - Je le dirais à votre patron et il va... »


Je n'entendis jamais ce qu'il allait faire étant donné que je claquai la porte avant la fin de sa phrase. De toute façon je savais bien que le Boss (on l'appelait comme ça entre nous) ne me virerait pas pour ce gros porc. Je rapportais plus d'argent à l'établissement que lui, pas de doute possible. Bon j'allais peut-être passé un sale quart d'heure, tant pis, il y a quand même certaines priorités dans la vie, et j'étais heureuse de constater que j'en avais de pus ou moins normales. Rosie était absente aujourd'hui, en fait elle avait pris une semaine de congé forcé, étant donné que son dernier client l'avait un peu trop amochée. J'étais allée la voir à son appartement et nous avions discuté de tout et de rien. Après m'être changé je croisai Chad qui sortait en même temps que moi.


    « Dis-tu pourrais me dépanner ?
    - Tout ce que tu veux ma belle.
    - Tu peux me déposer à l'hôpital ?
    - … Bien sûr...
    - Merci. »


Il avait deux ans de plus que moi et était déjà ici quand j'avais débarqué. Il avait tout du vilain garçon, je savais qu'il se droguait, fumait, buvait, cédait à tous les vices qui pouvaient bien exister, mais il avait un bon fond, je l'avais appris en le côtoyant chaque jour. Je montai derrière lui sur sa vieille bécane et il la démarra, produisant un nuage malodorant. Quelques minutes plus tard nous arrivions devant le centre et je le laissai là avec un dernier remerciement. J'allai directement dans l'aile où se trouvait la chambre de ma mère, je connaissais le chemin sur le bout des doigts il faut dire. Le médecin était debout devant la porte en pleine discussion avec deux autres hommes. Quant ils me virent arriver ils se turent comme des gamins pris en train de préparer un mauvais coup.
Celui qui se chargeait de ma mère s'avança et me tendit la main d'un geste mal assuré, je l'ignorai dans un acte parfaitement puéril.


    « Alors ?
    - Je suis désolé, nous n'avons rien pu faire. Enfin vous saviez que son état ne cessait d'empirer et... Vraiment navré, toutes mes condoléances.
    - Vous pouvez vous les garder. »


Il resta bouche-bée alors que je le contournai pour entrer dans la chambre. Elle s'y trouvait, toujours allongé dans ce lit d'une blancheur surnaturelle, entourée de plusieurs machines. Je tendis la main pour les désigner et me tournai vers le docteur.


    « Qu'est-ce ?
    - Hum, et bien votre mère est en état de mort cérébrale, mais nous ignorions si elle acceptait de faire un don d'organe ou non. »


Ah c'était donc ça le petit air coupable. Je passai ma main dans mes cheveux, tentant de réfléchir. On n'en avait jamais parlé ensemble, alors je n'avais pas la moindre idée de ce qu'elle aurait désiré. En fait nous ne parlions plus depuis longtemps... Je soupirai.


    « Je suppose que si ça peut sauver la vie de quelqu'un d'autre...
    - Et bien à part son foie, certains de ses autres organes...
    - Je ne veux pas connaître les détails.
    - Oui désolé... Il faudrait juste que vous signez un papier. »


Je le regardai d'un air ironique, il n'avait attendu que ça. Il dut comprendre mes pensée car il baissa la tête, d'un air faussement repentant. Je m'en moquais, je l'accompagnai pour signer tous les papiers qu'il voulait, puis je le laissais là. Il fallait que j'aille prendre l'air.

Lorsque je ressortis je sentis une montée de nausée me saisir et je m'écroulai à genoux sur le trottoir. Soudain je comprenais toute l'ampleur de ces mots, elle était morte, morte, je n'avais plus personne, plus rien. Je me mis alors à pleurer et je sentis quelqu'un m'aidait à me relever, me parler doucement, me tenir. C'était Chad, il savait, il m'avait attendu à l'extérieur.


    « Viens je sais comment faire pour que tu ailles mieux. »


Je le laissai m'entrainer, de toute façon je n'avais pas la force de lutter. Peut-être qu'inconsciemment j'avais espéré que ça aille mieux, jusqu'au bout je l'avais désiré, j'aurais voulu revoir la femme qui avait été ma mère, qui nous avait donné tant d'amour quand nous étions enfants. Je n'avais pas vraiment conscience du monde qui m'entourait, je n'arrivais pas à reprendre pied dans la vraie vie. C'était injuste, si injuste. Je me mis à jurer, contre les gens, contre moi, contre Dieu. Je me moquais de tout, j'en avais marre, marre de me battre pour des utopies, marre de n'être rien, rien qu'une petite prostituée inutile, et de toute façon qui verrait ma douleur ? Personne, tout le monde se fichait de ceux qui n'étaient pas utiles à la société. C'était injuste, j'aurais voulu que chacun sache, voit en face ma souffrance, mais elle n'appartenait qu'à moi, nul ne pouvait comprendre, même pas Chad qui me faisais entrer dans ce qui semblait être une pauvre usine abandonnée. D'autres jeunes se trouvaient là, j'étais plus âgée que la plupart. Il me força à m'asseoir et se plaça à côté de moi ,continuant à me parler alors que je n'entendais rien. C'était comme un brouillard épais dans lequel rien ne passait, ni son, ni lumière, ni couleur. Il me tendit un verre plein et sans marquer la moindre hésitation je l'avalai. Au bout de quelques minutes je sentis une sorte d'euphorie me gagner, un bien-être que je n'avais pas connu depuis longtemps, j'éclatai de rire, en redemandant. Le jeune homme sourit, la soirée ne faisait que commencer...




Dernière édition par Shanaë A. Blake le Ven 14 Oct - 22:36, édité 12 fois
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MessageSujet: Re: ~¤* The life is worth nothing but nothing beats life *¤~ ~¤* The life is worth nothing but nothing beats life *¤~  EmptyVen 7 Oct - 10:31

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~¤* The life is worth nothing but nothing beats life *¤~  8231978
❝ Personne ne me sauvera de la damnation éternelle ❞


La sonnerie stridente du réveil me tira douloureusement de ma somnolence, en tentant de l'arrêter je le fis basculer au sol où il atterrit dans un bruit sourd, mais au moins il se tut. Je grommelai un instant puis me levai, allant dans l'étroite salle de bain sans même prendre la peine de ramasser l'objet au sol. Je me penchai face au reflet que me renvoyer le miroir, celui d'une jeune femme à peine sortie de l'enfance mais dont le visage était tiré par la fatigue et peut-être d'autres choses... Rosie avait essayé plus d'une fois de me remettre dans le droit chemin, mais je n'en avais pas la force ni l'envie. A quoi bon ? Pourquoi continuer à vivre dans ce monde pourri ? Les moments où j'étais shootée étaient les seuls qui me paraissaient un peu près beaux, les seuls que j'avais envie de vivre.


    « T'es tombée bien bas ma pauvre fille. »


J'eus un sourire ironique face au miroir, puis me glissai sous la douche. L'eau froide vint gifler mon corps meurtri et je grimaçai. En cette période il aurait été préférable de l'eau chaude, mais tout mon argent passait dans les drogues diverses qui pouvaient bien me tomber sous la main. Je restais peu de temps dans la douche, en ressortant frissonnante et grelotante. De quoi me mettre de bonne humeur juste avant le boulot, génial... Je saisis les premiers habits qui me tombaient sous la main et sortis, prenant soin de fermer la porte à clé comme d'habitude. Ce qui était bien inutile, il n'y avait rien de valeur dans cet appartement minable, d'ailleurs vu l'état bordélique dans lequel il était on n'aurait jamais pu croire que c'était une fille qui vivait dedans, mais plutôt un homme seul, ah les préjugés. Bien que je marchasse lentement j'arrivais tout de même avec une bonne avance au Club, je saluai le vigile qui se trouvait être déjà là et me dirigeai directement vers les vestiaires. Je me changeai, puis commencer à me maquiller. J'entendis distinctement la porte s'ouvrir puis se refermer, et quelqu'un s'arrêter derrière moi.


    « Amby... »


Pas besoin de me retourner, je savais qui c'était, Rosie... Je ne réagis pas, faisant comme si je ne l'avais pas entendue. Sa main se posa sur mon épaule et elle me tira en arrière, je ne résistai pas et me retrouver sous le feu de ses grands yeux poudrés. Elle se pencha vers moi comme si elle vérifiait quelque chose puis recula, un air soulagé peint sur ses traits.


    « Tu n'as rien pris...
    - Pas encore.
    - Amby...
    - Quoi ?
    - Arrête.
    - On a déjà eu cette conversation il me semble... Je ne suis plus une enfant.
    - Mais tu te comportes comme une gamine.
    - Si ça te pose problème personne ne t'oblige à me parler.
    - J'essaie de t'aider !
    - Je n'ai jamais demander de l'aide ! »


Je m'étais levée, faisant basculer ma chaise en arrière. Elle me lança un regard semblable à celui d'un animal blessé. Puis elle fit volte-face et sortit. Je restai un moment immobile, incapable de réagir, puis je m'effondrai au pied de la chaise et me mis à pleurer. La vérité c'est que j'avais essayé, plusieurs fois, vraiment, mais c'était impossible, à chaque fois la dureté de la vie me rattrapait, le besoin de se donner de nouvelles illusion. Je n'étais décidément pas assez forte. Et je venais de blesser la seule personne qui voulait réellement me soutenir. J'étais vraiment trop lâche, trop nulle. Je restais de longues minutes à sangloter sur la chaise, jusqu'à ce que j'entende de nouveau la porte s'ouvrir et des éclats de voix. Les autres étaient là... Je séchais mes larmes et me levai, afin que nul ne me voit à terre. Je finis de me maquiller et de me coiffer puis suivis le chemin prit par Rosie quelques minutes plus tôt. Dans la salle se trouvaient déjà plusieurs personnes, pour la majorité appartenant à la gente masculine. Je la cherchai du regard et la vis juste à temps monter avec un jeunot accroché au bras. Bon d'accord, j'allais devoir patienter...



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❝ La mort semble marcher dans mes pas ❞


Ce ne fut qu'à la fin de la soirée que je parvins à la rejoindre dans les vestiaires. Il y avait trop de personnes présentes pour que je prenne la parole, mais j'attendis qu'elle sorte pour la rattraper. Elle avait compris que je voulais lui parler : elle m'attendait juste à la sortie. Nous nous mîmes à marcher l'une à côté de l'autre sans prononcer le moindre mot. Puis finalement je ne pus plus tenir.


    « Désolé, tu sais que je ne le pensais pas. »


Son silence fut la seule réponse que je reçus alors qu'elle continuait à avancer. Même si j'étais déjà bien têtue je savais que dans l'obstination elle gagnait haut la main, ce qui n'était pas peu dire. Je me contentai donc d'attendre une autre réaction en la suivant tête baissée. Je ne savais pas combien de temps j'allais devoir poireauter, mais j'étais certaine qu'elle finirait par parler tant que je ne tentais pas de la provoquer de nouveau. Ce ne fut que trois quartiers plus loin qu'elle céda :


    « Tu as été injuste...
    - Oui je le sais, je m'en excuse.
    - Mais rien en changera pas vrai ?
    - …
    - Je m'en doutais...»


Je gardais la tête basse, je savais qu'elle avait raison, mais comment lui expliquer ? Elle n'avait jamais fait cette terrible erreur elle, alors elle ne pouvait pas vraiment comprendre ma situation. Je fermai les yeux, les frottant de mes doigts glacés. Ils tremblaient légèrement, mais je décidai de ne pas m'en inquiéter pour l'instant. Cependant la jeune femme le remarqua.


    « Tu commences déjà à être en manque.
    - Ce n'est rien.
    - Tu sais bien que c'est faux. Amby, Ambre, viens quelques jours chez moi, je t'aiderai. Seule tu ne peux rien, mais...
    - Non, tu as déjà assez à faire avec tes petits frères et sœurs. Je ne serais qu'une charge supplémentaire et tu n'as pas besoin de ça.
    - Oh tu sais Arthur a trouvé un boulot de vendeur dans une petite supérette, financièrement ça ira beaucoup mieux maintenant.
    - Je ne peux pas accepter. Vous n'avez pas à supporter une camée en plus de tout ça... »


Elle allait de nouveau répliquer, mais nos regards furent tous deux attirés par la même chose : trois hommes qui s'approchaient, et je peux vous assurer que leur visage n'avaient rien de ceux d'enfants de cœur. Je serrai les dents, des emmerdements en perspective. D'un même mouvement nous fîmes demi—tour mais nous nous retrouvâmes face à deux autres hommes. Dans un élan d'instinct maternel Rosie se plaça devant moi et nous reculâmes jusqu'au mur. Piégées.


    « Alors les belles, vous n'avez rien pour nous. Pas une petite pièce ?
    - On a rien du tout, on est comme vous.
    - Menteuse ! On vous a vu sortir du Club, pas besoin de nous prendre pour des tartes. Donne le fric. »


Je pressai le bras de la jeune femme, alors que le petit brun moustachu sortait un flingue de son gilet rapiécé. Je retins ma respiration, nous allions mourir pour un truc aussi stupide ? Soudain je pris compte de quelque chose d'important : je n'avais pas réellement envie de mourir, j'étais jeune, assez belle il me semblait, et surtout j'avais encore plein de choses à prouver. Je ne voulais pas que tout se finisse maintenant, et surtout pas comme ça. Je fouillai précipitamment ma poche et en sortis les billets que je lui tendis, Rosie m'imita, il y a des choses qui ont plus d'importance que de l'argent, comme la vie par exemple. Il intima à l'un des autres qui le suivait de récupérer les liasses. Si j'en avais eu le pouvoir je les aurais massacrés, chacun des billets avait été gagné par le sacrifice de notre corps, et lui il le récupérait, comme ça. Il regarda l'argent que son comparse lui avait donné puis il nous sourit d'un air gourmand qui me fit froid dans le dos. Je connaissais parfaitement ce regard dans les yeux d'un homme. Mon amie réagit d'une voix un peu tremblante.


    « C'est bon vous avez eu ce que vous voulez, fichez-nous la paix maintenant.
    - Oh mais on n'a jamais dit que c'était seulement ça qu'on voulait. Bein quoi les filles c'est plus facile d'écarter les jambes lorsque le type en face est plein aux as ? »


J'allais le tuer, donnez-moi un flingue et je le tuais. J'en avais marre d'être traitée comme une chienne, au Club ce n'était pas suffisant, il fallait aussi que ce soit à l'extérieur ? Il continua à s'avancer et là il fit l'erreur de sa vie : il baissa son arme. Par un pur réflexe plein de rage je lui envoyai mon pied dans un endroit bien senti. Surpris par l'impact il s'écroula, les mains plaquées sur son entre-jambe. Il y eut un instant de flottement et j'attrapai la main de Rosie, l'enjoignant à courir. Mais ils réagirent trop vite, bien trop vite. Des bras me saisirent par la taille et je lâchai la main de mon amie. Je me mis à me débattre avec un feulement de rage, bien que ce soit totalement inutile étant donné que les bras qui m'entouraient devaient bien faire le double des miens. Je battis l'air de mes jambes et soudain un coup de feu retentit entre les bruits de lutte et j'entendis un hurlement féminin et bien trop familier.


    « Rosiiiee... »


Je tentais de me dégager de plus belle jusqu'à ce que je sente un métal froid contre mon ventre. Je tournai la tête et me trouvai nez à nez avec le visage rouge de douleur du petit homme. Il remonta son flingue et le braqua sur ma tête. J'arrêtai immédiatement de bouger, pas besoin de paroles, j'avais bien compris le message. L'homme qui me tenait se décala légèrement et je pus enfin voir la jeune femme qui se trouvait par terre allongée sur le dos. Elle avait les mains plaquées sur son ventre où s'étalait une large tâche rouge. Elle respirait péniblement et j'avais l'impression qu'elle s’étouffait.

    « Il faut appeler une ambulance.
    - La ferme
    - Elle va mourir sinon.
    - J'ai dit la FERME ! Tu veux peut-être que je t'explose le crâne ?! »


Je ne dis plus rien parce que ce ne me semblait pas une excellente idée au vu de cet homme qui pointait son arme sur moi comme un dément. Pourtant si la situation ne changeait pas elle allait vraiment perdre trop de sang. Je sentis les larmes qui coulaient le long de mes joues et une sainte panique me prendre à la gorge. Pas elle, pitié seigneur, pas elle. Juste une fois entend-moi, si tu tiens vraiment aux hommes, s'il-te plait. Je fermai les yeux priant de toutes mes forces, n'importe quoi, n'importe qui, pourvu que ça la sauve.


    « Ça ne vous dérange pas de vous en prendre à deux gamines sans défense ? »


Mes yeux se rouvrirent et se posèrent sur l'homme qui venait de parler. La quarantaine, peut-être un peu plus, les tempes légèrement grisonnante et un regard d'acier qui semblait briller d'un éclat étrange sous la lumière des lampadaires. Il se tenait là, seul, et aucune peur n'émanait de lui, plutôt le calme profond de celui qui sait qu'il est supérieur. Pourtant il ne semblait pas avoir d'arme. Mais je sus à l'instant même où je notais tout cela dans ma tête qu'il était infiniment plus dangereux que l'homme qui brandissait son flingue. Appelé ça comme vous voulez, moi je dis que c'est de l'instinct de survie, j'avais appris à ne pas me fier aux apparences, dans mon métier on peut toujours avoir de belles surprises. Quoiqu'il en soit il se retrouva immédiatement sous la menace de l'arme.


    « Je ne ferais pas ça si j'étais toi.
    - Dégage-toi, personne ne t'a invité !
    - Si moi-même. Dis à tes hommes de reculer et de les relâcher tout de suite.
    - Va te faire foutre ! »


Il tira et je poussai un nouveau cri. D'accord ça n'avait aucune utilité réelle, mais ça faisait un bien fou. L'homme s'était décalé mais visiblement pas assez vite : il se tint le bras une seconde en grimaçant puis il releva la tête, les prunelles dévoilant toute sa couleur. Il en paraissait encore plus effrayant. Et alors il attaqua...



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❝ Entre ténèbres et lumière la frontière est infime ❞


Je m'éveille, mes membres tremblent, j'ai mal partout, je crie. Il fait sombre là, où est-ce que je suis ? Qu'est-ce que je fais là ? Quelqu'un, à l'aide... Je me rendors, me réveille à nouveau. Quoique je fasse la douleur est toujours là, je crois que je meurs. Au moins vingt fois. Mais qu'est-ce qui se passe ? Ma gorge est sèche si sèche, et j'ai si faim. Je nage entre délire et réalité, parfois une voix d'homme me parvient, je crois qu'il m'appelle, mais le nom n'est pas le bon. Je ne reconnais pas cette voix, qui est-ce ? Tout mon corps n'est plus qu'un océan de douleur, j'ai froid, j'ai chaud, les draps me collent à la peau. Je crie de nouveau. Je sais ce que c'est, je l'ai déjà ressenti, mais jamais aussi fort. Je n'arrive pas à reprendre pied dans la réalité, j'ai mal, si mal, trop mal. Je sens parfois des mains se poser sur moi, qui m'aide à me redresser, à manger un peu, boire, mais ce n'est pas ça dont j'ai besoin bordel ! Vous ne voyez pas que je vais trop mal ? Alors je sombre encore, dans mes ténèbres, ma douleur, ma nuit. Je ne sais pas combien de temps s'écoule, s'il fait jour, s'il fait nuit. Je m'en moque, je veux mourir. Oui la mort serait une délivrance, une douce délivrance. Alors je revois mon père disparu, mon frère mort, ma mère morte, et Rosie...

J'ouvris les yeux. J'étais dans une pièce toute blanche sans aucun tableau. Par son impersonnalité ç'aurait pourrait être une chambre d'hôtel. Je ne reconnus rien, ni les meubles, ni le lit dans lequel je me trouvais. Que s'était-il passé, qu'est-ce que je faisais ici ? Et où étais-je d'abord ? Je me redressai, ma tête tourna, j'avais l'impression que j'allais retomber dans les bras de Morphée. Finalement je parvins à me lever en prenant toutes les précautions possibles. C'est comme si j'avais passé la soirée avec des clients trop violents et que tout mon corps se rebellait. Je me souvenais vaguement de ce qu'il s'est passé ces derniers... Quoi ? Minutes, heures, jours ? Je me frottai les yeux, comme si ça pouvait m'aider à me souvenir, je ne me rappelais que de Rosie à terre, et le sang, tout ce sang... J'avançai vers l'armoire comme un zombi et l'ouvris : des vêtements d'homme. Je fronçai les sourcils, fouillant dans les brides de mémoire qui me revenaient, oui, il y avait cet homme aussi qui était arrivé, mais que s'était-il passé après ? J'entendis la porte s'ouvrir et je fis volte-face, trop vite, je me sentis m'écrouler alors que le monde se mettait à tanguer violemment. Des bras puissants me retinrent et je levai des yeux hagards vers celui qui venait de me soutenir. C'était lui, je reconnaissais ses traits dessinés au couteau. Il y avait quelque chose de différent... Ses yeux... Ils sont bruns... Je perdis connaissance sur cette dernière pensée.



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❝ Il est entré dans ma vie de la manière la plus fracassante qui soit ❞


Une odeur alléchante chatouilla mes narines : des crêpes. Mon ventre gargouilla et j'entendis un rire typiquement masculin résonner dans la pièce. Mes paupières se levèrent et je me redressai précautionneusement contre les oreillers. Il venait d'entrer dans la chambre et déposa un plateau sur mes genoux.


    « Bonjour la Belle au Bois dormant une petite faim ? »


Je le regardai un instant, puis baissai les yeux sur le tas de crêpes qui se trouvait devant moi. Bon je devais certainement être en train de délirer. Je tournai de nouveau les yeux vers lui, puis vers les pancakes. Je décidai alors que peu importait, cette illusion avait l'air très bonne à manger et je mourrais de faim. J'attrapai la fourchette et enfournai une grosse part du plat encore chaud. Je fermai les yeux, je ne me rappelais plus que la nourriture était si bonne. Je finis encore deux crêpes avant de reporter de nouveau mon attention sur l'homme qui n'avait pas bougé d'un pouce.


    « Je peux savoir où je suis ?
    - Chez moi.
    - On a couché ensemble ?
    - … Euh non.
    - Alors qu'est-ce que je fais là ?
    - … Tu ne te rappelles de rien ? »


Il me regardait d'un air étrange comme s'il était angoissé à propos de quelque chose. Le problème était que non, je ne me rappelais de rien. J'attendis quelques secondes, mais il ne se décida pas à reprendre la parole.


    « Et euh, je suis là depuis longtemps ?
    - Une semaine.
    - Pardon ?!
    - Une se...
    - Oui, oui j'avais compris. Je veux dire, vous m'avez gardée chez vous pendant une semaine ?
    - Et bien au début je pensais que tu te réveillerais le lendemain matin et que tu rentrerais chez toi, mais après tu as eu plusieurs crises violentes, et je n'ai eu d'autre choix que de t'aider et donc de te garder ici. Je n'allais pas te balancer à la rue dans ton état.
    - Et l'hôpital ? »


Il resta silencieux et baissa les yeux, comme s'il était pris en faute. Pourquoi ne m'avait-il pas tout simplement déposé là bas ? Il me cachait quelque chose... Le problème c'est que j'ignorais bien ce que ça pouvait être. J'essayai de nouveau de me souvenir, les seuls images qui me parvinrent furent celles de l'attaque des hommes, puis le coup de feu.


    « Oh mon Dieu, Rosie !
    Ton amie ?... Je suis désolé... L'ambulance est arrivée trop tard... »


Je lui jetai un regard horrifié, non ce n'était pas possible, pas elle. Elle était toujours si forte, toujours présente pour les autres, elle ne pouvait pas... Non. Je détournai les yeux, cachant mes larmes. C'est moi qui aurait dû mourir, c'était de ma faute... pourquoi ne pouvais-je pas protéger les personnes que j'aimais ? J'entendis les ressorts du matelas alors qu'il se levait. Je le suivais des yeux alors qu'il sortait de la pièce dans un silence profond. Je baissai mon regard vers ce qu'il restait dans mon assiette, je n'avais plus très faim maintenant. Je décalai le plateau et sortis du lit, me rendant compte pour la première fois que je ne portais plus mes vêtements de ce soir-là, mais un tee-shirt trop grand pour moi et un caleçon d'homme. Je récupérai le plat et sortis à mon tour de la chambre. Ce ne fut pas difficile de trouver la cuisine : l'appartement était presque aussi ridicule que le mien. Il se trouvait là en train de laver un poêle je m'avançais sans un bruit.


    « Tu peux le poser sur le plan derrière moi. »


Je sursautai manquant de faire tomber l'assiette. Pourtant il me semblait avoir été silencieuse, comment avait-il su que j'étais là ? Je laissai le plateau où il m'avait dit puis m'assis sur l'un des tabourets attenants.


    « Que s'est-il passé l'autre soir ?
    - Serait-ce réellement utile de le savoir si tu l'as oublié ?
    - Pourquoi serait-ce utile de me le cacher ? »


Il ne répondit pas, se contentant de finir le lavage. Il allait prendre l'assiette lorsque je posai ma main sur la sienne, le retenant. Je pris le plat et le passai sous l'eau sans rien dire. J'avais compris que je n'en apprendrais pas plus de sa part. Il s'éloigna et ramassa un sac par terre.


    « Je vais acheter de quoi manger, il n'y a pas à dire, mais dès qu'on est deux les provisions disparaissent comme par magie. Oh et je vais voir si je trouve des vêtements de ta taille, parce que les miens sont décidément bien trop grands. »


Je fis volte-face une question sur le bord des lèvres, mais il était déjà parti. Il paraissait être assez en confiance pour me laisser seule dans son appartement. Mes yeux balayèrent la pièce, bon d'accord, c'était normal : il n'y avait rien à voler, du moins pas de visible. Je lavai rapidement les couverts que j'avais utilisés puis me dirigeai vers le fauteuil où quelque chose avait attiré mon regard : un journal se trouvait bien sur le coussin blanc. Je regardai la date : 28 octobre... Le soir de l'attaque nous étions le 20. Il ne m'avait pas menti, j'étais bien là depuis une semaine, mais comment savoir ce qu'il s'était passé ? Je regardai de nouveau le journal, est-ce qu'il l'achetait tous les jours ? Je fouillai dans toutes les pièces de son habitat et ne retrouvai que celui de la veille dans la chambre. Les autres devaient avoir fini à la poubelle... Génial. Je retournai dans la chambre et m'arrêtai devant le vieil ordinateur portable qui trônait sur le bureau de coin. Est-ce que j'oserais ? J'hésitai un peu, mais la curiosité finit par avoir le dessus. J'attendis que l'engin s'allume en priant pour que l'homme n'ait pas installé un mot de passe, sinon j'étais fichue. Mes vœux se réalisèrent, rien ne vint m'empêcher d'accéder à internet. Parfait... Je passai rapidement sur les infos de cette semaine, cherchant n'importe quoi qui pourrait m'éclairer. Je ne pris pas longtemps à trouver sur la page du 21 octobre. Quatre cadavres avaient été retrouvés dans une rue passante, dont trois salement amochés, ce qui était mis sur le compte d'un chien qui serait passé par là. Le premier étant celui d'une jeune prostituée morte par balle, du nom de Rosie Chester, et les trois autres ceux de trois hommes déjà connus de la police pour vol à main armée. Deux autres hommes présents sur les lieux avaient dû être transférés d'urgence à l'hôpital, et l'enquête suivait son cours. Pour l'instant la seule chose qu'ils avaient été le témoignage d'un des survivants qui disaient avoir été attaqué par le démon et qu'ils allaient tous finir dévorés. Je frissonnai en lisant ces mots. Des images apparaissaient dans ma tête par flash successifs, le sang qui m'éclabousse soudain, des yeux argents brillant dans la nuit comme ceux d'une bête sauvage, et les cris qui avaient résonné. Quelques clics et je trouvais les photos du carnage. Un des corps se trouvait séparé des autres, comme s'il avait été propulsé dans les airs, de l'hémoglobine recouvrait les autres. Des crocs acérés, le bruit des os qui se brisent, l'odeur de mort. Je reculai la chaise, fuyant ses images, je sentais que le barrage qui me protégeait de mes souvenirs allait bientôt céder...

    … Et alors il attaqua, avec une telle vitesse que je ne vis qu'un mouvement flou, l'homme qui se trouvait devant moi s'effondra tenant sa gorge à deux mains d'où coulait un torrent de sang. L'homme le plus imposant se jeta sur lui, mais de nouveau il fut plus rapide, je ne perçus pas toute l'action mais il le souleva et d'une main le balança contre le mur d'en face. C'était impossible... Et soudain il fut devant nous, et je me remis à hurler parce que c'était la seule chose qui me venait à l'esprit, il allait tous nous tuer, je le lisais dans ses yeux. On aurait dit ceux d'une bête assoiffée de sang, il eut un sourire mauvais et je m'aperçus que même ses dents semblaient s'être allongées et être devenus bien plus tranchantes. Il se jeta sur l'homme qui me tenait et qui eut la bonté de cœur de me libérer alors, tentant de se protéger de celui qui avait déjà mis à terre deux de ses amis. Mais il était déjà sur lui et le mordait à la gorge. Ceux qui restaient debout firent volte-face et se mirent à courir en hurlant. Il bondit à leur suite, ces gestes étaient trop vifs pour que je puisse les voir en détail mais j'entendais parfaitement le bruit des os qu'on brisait et je vis dans une lucidité flamboyante la chute des deux corps. Je retins un gémissement alors qu'il se tournait de nouveau, braquant ses étranges prunelles sur moi. Je déglutis mais restai incapable de faire le moindre geste, à quoi bon, j'avais bien vu la facilité avec laquelle il les avait rattrapés, alors moi je n'avais aucune chance. Il s'avança lentement et je frémis, toujours dans une immobilité quasi totale. J'avais le sentiment que si je bougeais j'étais morte. Il était à quelques mètres de moi quand il glissa sur une flaque de sang et tomba à genoux. Il secoua la tête comme un chien étourdit puis s'avança à quatre pattes vers moi, lentement. Son visage semblait plus détendu, moins furieux, pourtant je sentais toujours la menace qui planait dans l'air alors lorsqu'il ne fut plus qu'à quelques pas je retins ma respiration, apeurée. Il avança la main vers moi, et là je fis ce que toute personne totalement terrifiée qui vient d'avoir son lot de sensations fortes pour la journée, qui n'a rien mangé ni bu depuis un moment, qui est en manque et qui est certaine qu'elle va mourir dans les secondes suivantes : je m'évanouis.


Mes yeux papillonnèrent lorsque je revins au présent. Je n'étais pas vraiment certain d'être plus avancée, et j'avais plutôt l'impression d'avoir rêvé... Ce qui s'était passé était impossible, il ne pouvait ni être aussi rapide, ni être aussi fort... Et puis ses yeux, cette sauvagerie... J'éteignis l'ordinateur et retournai dans le salon, m'asseyant dans le canapé. Était-ce réellement intelligent de rester ici alors que j'avais vu ce dont il était capable ? Après tout j'avais cru qu'il allait me tuer comme les autres, pourtant au contraire il m'avait sauvée, ça faisait déjà pas mal de bons points ça non ? Je m'allongeai plus confortablement et fermai les yeux, tentant de faire le point. Il fallait que je sache qui il était, et surtout ce qu'il était. Je sentais que c'était ça le plus important, oui je devais l'apprendre... Je baillai, et quelques minutes plus tard je sombrai dans les bras de Morphée.



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❝ Mon passé je l'ai abandonné, mon présent je le vis, mon futur reste encore à inventer ❞


Je courrais, mes cheveux attachés battaient régulièrement ma nuque, je sentais mes muscles jouer sous ma peau, la sueur formait une fine pellicule sur tout mon corps. Cela faisait 11mois que je courrais tous les matins et c'était devenu ma nouvelle drogue, 11 mois que je vivais avec Warren Prescott, 11 mois que je ne vivais que dans un seul but : ce lui de mourir. Du moins d'une certaine manière... Je repensai à la conversation que j'avais eue avec l'homme lorsqu'il était revenu du magasin. Déjà nous étions parvenus à échanger nos noms, même s'il se faisait une obligation de m'appeler Saphyr tout le temps, nom qu'il m'avait donné alors que j'étais à moitié divaguant dans son lit. Ensuite pendant de longues, très longues minutes j'avais dû user de toute la persuasion dont une femme était capable pour lui faire avouer la vérité. Autant dire qu'il n'avait pas beaucoup de chance de vaincre, même si je devais lui reconnaître une obstination presque aussi grande que la mienne, presque, c'est ce qui l'avait perdue : il avait fini par tout m'avouer. Bon ça n'avait pas été si facile que ça, j'avais dû lui arracher un mot après l'autre dans une véritable lutte verbale. En échange de mon silence et avec de lourdes menaces il m'avait alors avoué être un lycanthrope. Contrairement à ce à quoi il s'attendait je ne me mis pas à me moquer de lui, mais étais restée la plus sérieuse du monde, sûrement parce que je savais déjà qu'il était plus qu'un humain. Alors j'avais pensé à autre chose : si j'avais eu ses capacités la plupart des gens que j'aimais ne seraient pas morts à l'heure qu'il est. J'avais alors commencé à le supplier de me transformer. Il avait refusé tout net et m'avait envoyé balader. J'avais insisté, insisté, pendant trois longs jours qui avaient été pour lui un enfer, drôle de façon de le remercier me direz-vous... Il m'avait alors fait remarquer que de toute manière s'il essayait de me changer maintenant je finirais à coup sûr par mourir, parce que j'étais une femme et donc plus faible, et surtout parce que j'étais dans un état pitoyable et que hors de question en définitive de créer un loup drogué. Je m'étais ainsi reprise en main parce qu'il me donnait la possibilité de devenir quelqu'un d'autre, d'avoir une vie différente. Pendant les semaines les plus dures de ma vie je parvins à cesser de consommer toute drogue, je ne pouvais plus en toucher aucune, sous peine de céder à mes anciens démons. C'est alors que je me mis au sport, véritable substitut qui en plus me permettait de regagner des forces et les muscles que j'avais perdus. En plus de la course à pied journalière j'allais une à deux fois par semaine au dojo et pratiquais le Shi Sei Kai Kan. Ce qui était arrivé avec Rosie m'avait suffi amplement, maintenant je saurais mieux comment réagir si une telle situation devait se reproduire. Warren m'avait proposé de rester chez lui, d'une part parce qu'il ne m'accordait pas entièrement sa confiance au début, puis parce qu'il en avait marre de la solitude. Il m'avait enseignée beaucoup de choses à propos des loups, que ce soient les garous ou les vrais loups. D'ailleurs je ne cessais d'apprendre de nouvelles choses, bien qu'il me disait toujours que d'autres ne devaient être sues que par les lycans, et alors malgré mon insistance il refusait de m'éclairer. Je crois que pendant longtemps il avait cru que je céderais la première, que je finirais par me lasser et que je le laisse, reprenant ma vie d'avant. Ce qu'il n'avait pas compris c'est que de toute façon je n'avais rien à perdre, et surtout pas du temps, j'aurais pu donc patienter encore longtemps. J'eus un sourire à cette pensée, le duel de la détermination la plus farouche avait lieu depuis un certain temps, c'était devenu comme un jeu, voir celui qui finirait par s'avouer vaincu le premier. Mais nous savions bien tout deux que ça avait toujours été lui qui menait la danse, lui qui choisissait quoi dire ou quand se taire. Ça m'allait bien comme ça, j'avais un toit, j'étais nourrie, quelqu'un avec qui parler. Tout allait pour le mieux. Je m'arrêtai au bas de l'immeuble le souffle court, tout mon corps criait tant je l'avais poussé à bout. Mais j'aimais ça, c'est dans ces moments-là que je me sentais la plus entière. Je m'étirai, perdant mon sourire alors que je me remémorais la conversation de la veille. Il m'avait dit que si il pouvait me transformer, par contre il faudrait que je le quitte, que je parte dans une meute déjà formée. Un jeune loup se débrouille difficilement seul, il a besoin du soutien d'un véritable alpha, et lui n'avait pas la puissance nécessaire pour me retenir si je pétais les plombs une fois louve. Il avait peur pour moi, peur que je ne survive pas, il ne comprenait pas à quel point je voulais Changer, et peut-être ne comprenais-je pas réellement moi-même. Mais il le fallait, malgré tous les risques c'était comme l'aboutissement de quelque chose, comme s'il fallait que je passe par là. Je rentrai et montai les marches quatre à quatre vers le seul endroit que je pouvais considérer comme un chez-moi, vers le seul endroit où je savais pouvoir trouver plus qu'un lycan, un ami...



~¤* The life is worth nothing but nothing beats life *¤~  21470113
❝ Je ne serais plus jamais la même ❞


Je regardai autour de moi, un peu euphorique. Nous étions dans une petite clairière au milieu des arbres, trois jours après la pleine lune. Dans un lieu loin de toute civilisation pour plus de sûreté. Nous avions bien pris deux heures pour arriver ici, alors que nous courrions tous les deux. Enfin moi j'avais couru, il m'avait rejoint au bout d'une quarantaine de minute sous la forme d'un loup presque aussi noir que la nuit et aux yeux d'acier. Et à présent il semblait frais comme à la sortie de la douche et j'aurais pu jurer qu'il avait ralenti pour rester à mon rythme tout le long, pourtant je n'avais pas l'impression d'être si lente que ça... Mais bon, on ne pouvait certainement pas oser faire une comparaison. Un craquement de branche derrière moi et je me retournai, manquant de le frapper avec mon bras. Il recula et planté ses yeux dans les miens, ses babines retroussées en ce qui aurait pu ressembler à un sourire plein de crocs. Il savait que j'avais horreur qu'il arrive derrière moi sans prévenir, mais alors qu'il me faisait face ses prunelles d'argent dans les miennes je me sentis minuscule. Je me laissai tomber à genoux et baissai les yeux, pas question de le provoquer d'avantage alors qu'une telle tension faisait déjà vibrer l'air. J'avais peur bien sûr, comment le cacher ? Mais c'est moi qui avais choisi, le premier vrai choix de ma vie, alors je m'interdisais de faire demi-tour maintenant pas alors que je m'étais tant battue pour survivre jusqu'ici, pourtant dans la voiture encore il s'était assuré que je n'avais pas changé d'avis, même s'il l'aurait peut-être souhaité. Je relevai les yeux juste assez pour le voir tourner calmement autour de moi. Bon d'accord en fait c'était carrément flippant et mon instinct de survie me criait plus que jamais de prendre la poudre d'escampette. J'étais sur le point de céder d'ailleurs, à moitié relevée, lorsque sans crier gare il bondit sur moi, m'attaqua. Je ne pus retenir un hurlement de terreur, c'était plus fort que moi, malgré tout ce qu'il m'avait dit, tout ce à quoi je m'attendais. Et il s'acharnait, je tentais de me rebeller vainement alors qu'un voile de sang se formait devant mes yeux et que toute pensée cohérente que j'aurais pu avoir laissait place à une douleur sourde. Je sentais la vie qui s'échappait de moi, la souffrance, mes cris, nul mot n'aurait pu préparer à ça, non rien. Face au choc et à la douleur je perdis connaissance alors que je sentais encore le lycan contre moi. Je crus vraiment à cet instant que j'allais mourir, c'était la fin et j'avais eu tort de vouloir jouer avec le destin, après tout je n'étais rien...





~¤* The life is worth nothing but nothing beats life *¤~  32270914
❝ Ce qui compte ce n'est pas le lieu, mais ceux qui nous entourent ❞


    « Bonjour habitants de la petite ville d'Aberdeen, aujourd'hui comme depuis une semaine il pleut, alors pensez à prendre votre parapluie si vous devez sortir... La température est de... »


Ma main se posa sur la radio, coupant court au monologue du présentateur météo. Je marmonnai un léger bonjour avant de me redresser, rejetant en arrière ma crinière blonde qui partait dans tous les sens. Ils avaient énormément poussé depuis la dernière fois qu'ils avaient vu une paire de ciseaux, soit... Longtemps. Je m'étirai longuement comme un chat en tendant l'oreille. J'entendais parfaitement les gouttes d'eau qui s'écrasaient contre mon volet fermé, et dans la rue. L'odeur d'humidité qui pesait sur la ville depuis déjà quelques jours ne pouvaient pas tromper non plus. Un fin sourire étira mes lèvres, que ce soit sous la pluie battante ou un soleil éclatant j'aimais cet endroit. C'était là que je m'étais reconstruite, là que ma nouvelle vie avait commencé. Il s'était avéré que j'avais survécu au Changement, Warren m'avait alors accompagnée jusqu'ici. Il avait dit qu'il avait déjà côtoyé un peu cette meute de loin et qu'il avait toute confiance en son alpha. Bien sûr il l'avait déjà prévenu de ce qu'il allait faire. Bien que les premiers jours aient été assez difficiles pour trouver mes marques j'avais finalement réussi à me faire accepter par la plupart et je voyais en eux une véritable famille, peut-être même que nous étions plus soudés que des membres de même sang. C'était peut-être ça qui faisait paraître cette ville belle à mes yeux, parce que j'avais l'impression d'y être à ma place, qu'ici je servais vraiment à quelque chose, ici je faisais partie d'un tout. Je tournai mon regard vers la radio, me demandant une seconde pourquoi j'avais programmé cette chose à cette heure-là. Pas moyen de m'en rappeler... Je haussai les épaules et sortis du lit, je finirais bien par trouver ce que c'était de toute façon. J'allais sous la douche en attendant, mais n'y rester pas longtemps : mon téléphone se mit à sonner. Je suis certaine qu'il doit exister une sorte d'esprit malin des téléphones qui fait en sorte que nos téléphones sonnent toujours dans des moments pas possible. J'arrivai juste à temps pour décrocher, une serviette enroulée autour de moi, mes cheveux trempés gouttant sur la moquette de la chambre. J'avais reconnu du premier coup d'œil le numéro et répondis d'une voix sulfureuse.


    « Oui que puis-je faire pour vous ?
    - Et bien déjà si vous me passiez Saphyr ce serait pas mal.
    - Oh quel dommage, je ne crois pas qu'elle soit là...
    - Arrête ton cirque ma belle, malgré la mauvaise qualité de ton téléphone je pourrai reconnaître ta voix même si je me trouvais dans la pièce d'à côté.
    - On ne critique pas mon téléphone il est très bien ! »


Je me redressai outrée alors qu'il éclatait de rire. Bon d'accord, il n'était pas tout neuf, mais il avait survécu à bien des aventures, notamment des chutes, et un passage dans la machine à laver, c'était un warrior, et tant mieux pour sa survie, cependant Warren ne pouvait s'empêcher de se moquer.


    « En plus je tiens à ajouter que c'est vous qui l'avez acheté.
    - C'était il y a un siècle au moins !
    - Je n'ai même pas cent ans, ne prenez pas votre cas pour une généralité Monsieur.
    - Ah non pas monsieur ! J'accepte déjà le vouvoiement tu ne vas pas rajouter ça.
    - Mais c'est normal que je vous vouvoie : vous m'avez sauvé la vie et en plus c'est une marque de respect.
    - Tu sais bien que je n'ai pas besoin de ça pour savoir que tu me respectes. Quant à ta dette on en a déjà parlé.
    - Et je suis certaine qu'on en parlera encore ! »


De nouveau nous rîmes, ces conversations étaient toujours très plaisantes. Nous continuâmes à parler de tout et de rien, alors que je finissais de me sécher et de m'habiller. Alors que j'allais me rasseoir mon pied buta dans quelque chose de solide et je poussai un aïe exprimant plus la surprise que la douleur.


    « Que se passe-t-il ?
    - Je viens de me faire agresser par un bouquin.
    - Je suis sûr que c'est lui qui a le plus souffert.
    - Salaud.
    - Et voilà, encore une marque de respect ?
    - Je ne répondrai qu'en présence de mon avocat.
    - Comment ça se fait que tu sois levée à cette heure au fait ?
    - Mais c'est vraiment un interrogatoire ?!
    - Saphyr... C'est bizarre, parce que dans mes souvenirs il était impossible de te sortir du lit avant midi, or il est 10h si j'en crois ma montre.
    - Vous exagérez, ce n'était pas midi ! Sauf quand j'étais vraiment fatiguée... Oh et bien ce livre est aussi la cause de ce réveil matinal, je viens de me rappeler que je devais le ramener depuis hier...
    - Toujours aussi prévoyante...
    - Oh ça va, pas besoin d'en rajouter.
    - Bonne journée petite louve.
    - Vous de même l'ancêtre. »


Je raccrochai alors qu'il répliquait vertement en me traitant de nom d'oiseaux de toute sorte. Je souris, la journée ne pouvait qu'être belle. Je ramassais le pavé qui avait été mon livre de chevet pendant une semaine et sortis de mon petit appartement douillet le cœur léger. J'allais d'abord le rendre, puis je m'arrêterais sûrement à un des petits bars qui entouraient la grande place et je prendrais un bon café accompagné d'un gros croissant. J'avais une faim de loup...


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Dernière édition par Shanaë A. Blake le Ven 14 Oct - 23:07, édité 14 fois
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MessageSujet: Re: ~¤* The life is worth nothing but nothing beats life *¤~ ~¤* The life is worth nothing but nothing beats life *¤~  EmptyVen 7 Oct - 16:28

Bienvenue parmi nous, super choix d'avatar d'ailleurs Very Happy
Bon courage pour ta fiche en tout cas et je suis contente que tu aies cédé à la tentation lol !
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Shanaë A. Blake

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MessageSujet: Re: ~¤* The life is worth nothing but nothing beats life *¤~ ~¤* The life is worth nothing but nothing beats life *¤~  EmptyVen 7 Oct - 17:57

Merci *w*

Si tu savais combien de temps il m'a fallu pour me décider pour cette célébrité là XD
& oui j'ai cédé... Je suis trop faiiiiiible >< (enfin heureusement qu'en réalité je ne cède pas si souvent que ça... Sinon je n'aurais plus de vie ^^)
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Louis E. Leroy

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MessageSujet: Re: ~¤* The life is worth nothing but nothing beats life *¤~ ~¤* The life is worth nothing but nothing beats life *¤~  EmptyVen 7 Oct - 21:37

Bienvenue & bonne continuation pour ta fiche ! :)
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Shanaë A. Blake

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MessageSujet: Re: ~¤* The life is worth nothing but nothing beats life *¤~ ~¤* The life is worth nothing but nothing beats life *¤~  EmptySam 8 Oct - 5:27

Micii ^^
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Katrín B. Laxness

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MessageSujet: Re: ~¤* The life is worth nothing but nothing beats life *¤~ ~¤* The life is worth nothing but nothing beats life *¤~  EmptySam 8 Oct - 8:46

    Bienvenue Shanaë ! J'aime beaucoup Doutzen, même si je ne me suis jamais intéressée à elle pour un avatar. Je te la réserve pour une semaine, et te souhaite bonne continuation pour la suite de ta fiche =)
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Shanaë A. Blake

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MessageSujet: Re: ~¤* The life is worth nothing but nothing beats life *¤~ ~¤* The life is worth nothing but nothing beats life *¤~  EmptyDim 9 Oct - 6:15

Merci beaucoup ^^

(A vrai dire c'est aussi la première fois que je la choisis en avatar...)

Rassurez-moi y a pas de limite maximale pour la taille de l'histoire ?
Parce qu'il semblerait que j'ai comme qui dirait une vague d'inspiration soudaine... x)

Edit : quoique... Je vais quand même essayé de pas faire un roman sinon ça va être saoulant pour vous, personne n'aura la foi de lire XD
Et en plus je n'aurais pas le temps de finir ~¤* The life is worth nothing but nothing beats life *¤~  1178074345
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Katrín B. Laxness

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MessageSujet: Re: ~¤* The life is worth nothing but nothing beats life *¤~ ~¤* The life is worth nothing but nothing beats life *¤~  EmptyLun 10 Oct - 1:38

    Non, il n'y a pas de limite pour ton histoire Very Happy

    A vrai dire, personnellement, ça ne me dérange pas d'avoir une longue histoire si elle est intéressante. Et que tu ai une vague d'inspiration, c'est plutôt bon signe Wink

    Mais si tu penses que tu n'auras pas le temps de la terminer, c'est toi qui voit. ~¤* The life is worth nothing but nothing beats life *¤~  1626129382
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Shanaë A. Blake

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MessageSujet: Re: ~¤* The life is worth nothing but nothing beats life *¤~ ~¤* The life is worth nothing but nothing beats life *¤~  EmptyJeu 13 Oct - 10:38

Cha y est Goldie, je pense que j'ai fini ^^
J'ai essayé de ne pas trop m'étendre (oui ça se voit c'est raté XD)

J'attends ton verdict Oméga, j'espère que ça plaira ><
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Katrín B. Laxness

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MessageSujet: Re: ~¤* The life is worth nothing but nothing beats life *¤~ ~¤* The life is worth nothing but nothing beats life *¤~  EmptyVen 14 Oct - 9:12

    Pas de problèmes, Sha' ! Je lis ça de suite et je te donne mon avis.

    Par contre, j'ai déjà repéré quelques petites fautes qui pourraient être évitées avec une relecture. Wink
    "mois" à la place de "moi", etc =)
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MessageSujet: Re: ~¤* The life is worth nothing but nothing beats life *¤~ ~¤* The life is worth nothing but nothing beats life *¤~  EmptyVen 14 Oct - 9:27

Bienvenue!!!! Roohhh, une topine de meute de même rang qu'Ysobel, va nous falloir un lien!!!!!
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Shanaë A. Blake

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MessageSujet: Re: ~¤* The life is worth nothing but nothing beats life *¤~ ~¤* The life is worth nothing but nothing beats life *¤~  EmptyVen 14 Oct - 22:00

Au temps pour moi ><
J'ai posté ça à point d'heure et j'avoue que la relecture a été faite en mode zombie... Je vais le faire maintenant (oui pas bien... x))

Ysobel : Vii un lien *w*

Edit : voili, je pense que ce sera mieux niveau orthographe/grammaire ^^
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Katrín B. Laxness

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MessageSujet: Re: ~¤* The life is worth nothing but nothing beats life *¤~ ~¤* The life is worth nothing but nothing beats life *¤~  EmptySam 15 Oct - 8:55

    Et ben. Elle en a vécu, des choses, Ambre. J'aime beaucoup son histoire, mais surtout le long récit que tu en as fais. On peut suivre son évolution, vivre les principaux évènements de sa vie... Bienvenue parmi nous, Shanaë Blake. Wink

    Premières étapes
    Félicitations, tu es validé! Afin de t'aider à te repérer, voici les premières démarches que nous te conseillons de faire. Avant tout, penses à te rendre dans ce forum pour remplir les registres de ta race, si ce n'est pas déjà fait. Tu peux également remplir ton emploi (avec l'anpe, le directoire ou la guilde). En cas de besoin, tu peux faire une demande de lieu. Il y a aussi les logements, les rangs. Pour développer le personnage, nous conseillons d'ouvrir une fiche de liens et de rp. Et tu peux même créer un scénario. N'hésites pas à nous rejoindre dans le flood et dans tous les cas, amuse toi bien sur le forum!!
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MessageSujet: Re: ~¤* The life is worth nothing but nothing beats life *¤~ ~¤* The life is worth nothing but nothing beats life *¤~  EmptySam 15 Oct - 23:00

Merci beaucoup ~¤* The life is worth nothing but nothing beats life *¤~  2837247228
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