L'obscurité était devenue mon paysage, sinistre et humide... Pourtant, je pouvais y voir malgré la faible lumière de la pièce. Des murs gris qu'on n'avait même pas pris la peine de peindre, des fenêtres sales dont les maigres rayons du soleil ne pouvait pas traverser et des cages. J'avais perdu le compte, pourtant quand l'ennui m'avait frappé l'unique jeu était celui-ci. Mon regard se posa sur les barreaux de ma propre cage, il y a bien longtemps que j'avais arrêté de lutter contre eux. Combien de temps j'étais devenu prisonnier en plus d'être devenu ce monstre qui me hante continuellement. Je l'entendais grogner dans ma gorge sans être l'investigateur de ses sons. Où j'étais ?! Qu'est ce qu'ils m'avaient fait ?! Pourquoi... Tant de questions sans réponses. Et cette peur qui me rongeait de perdre le contrôle de mon corps. Car oui, cela était déjà arrivée lors d'une nuit éclairée. L'animal était apparu avec ses instincts sauvages et dangereux, hurlant sa frustration et sa colère d'être ainsi enfermer. J'entendis le coulissement de la porte en métal ainsi que des murmures indéchiffrables mais familiers, je m'allongeai de nouveau sur le sol froid de ma cage en fermant les yeux. Espérant ainsi que mes geôliers m'oublieraient en pensant que je suis encore endormi.

« Ils meurent plus rapidement que prévu, on va devoir réduire les doses si on ne veut pas se retrouver à court de cobaye. » Il semblait en colère, son ton n'était qu'un sifflement sombre alors que les pas approchaient dans ma direction. Ils étaient deux... Sans savoir comment mon odorat s'était drôlement amélioré depuis l'arrivée de l'animal. L'un des hommes avait un parfum de très mauvais goût, alors que le second une odeur ancré de cigarette. « Le numéro six semble particulier bien réagir au nouveau produit, mais n'avançons pas trop vite. Changeons nous le traitement de celui-ci, il est assez docile en ce moment. » Ils étaient devant ma cage... M'obligeant à me mordre la langue pour étouffer le grognement de l'animal qui était de plus en plus violent en présence des hommes. Je ne devrais pas perdre le contrôle, ni même penser à la lueur sauvage de l'animal. Il avait faim... Et je devais bien avouer que moi aussi. « Redonne lui la même dose ce soir... » C'est avec soulagement qu'il s'éloigna de la cage, me permettant de poser mon regard vers eux. Sans me douter que mon regard n'était plus le mien...

Je m'étais assoupi malgré la colère de l'animal, la faim avait eu raison de moi. Mon regard se posait rapidement sur l'une des fenêtres de l'entrepôt afin d'avoir une idée de l'heure, maigre horloge qui ne pouvait m'indiquer que le jour ou la nuit. Je grinçai des dents en remarquant que la nuit était déjà tombée, ils allaient bientôt revenir... L'animal s'agita lui aussi, probablement avait-il eu les mêmes pensées que moi. Ma gorge était sèche et mon ventre douloureux, ce n'était sûrement pas à cause de leur seringue que j'allais mourir s'ils continuaient à me priver de ces besoins vitaux. Une porte claqua alors que les lumières s'allumaient peu à peu dans la pièce, je me redressai en attrapant mes genoux de mes bras, maigre protection contre ma nudité. « On est réveille à ce que je vois... La sieste a été bonne.» Il tapait sur les barreaux de la cage alors qu'un grognement s'échappait de ma gorge, colérique et dominant. Je restai néanmoins au fond de la cage sachant que les coups de bâtons n'étaient pas rare avec cet homme. Je ne lui répondais pas et cela semblait parfaitement lui convenir. D'après ce que j'avais pu comprendre il voulait faire de moi ou plutôt de nous, une sorte d'animal de compagnie... Ne pouvait-il pas se contenter du chien. « Si tu es sage... Tu auras ta gamelle comme le bon toutou soumis.» A peine avait-il terminé sa phrase que je savais que je venais de perdre le contrôle face à l'animal... Ce fut alors le néant rempli uniquement d'une colère sauvage.

Quand j'étais repris mes esprits, la première chose que j'ai vis était cette mare de sang sur le sol me paralysant de stupeur face à un tel carnage. Je suivais des yeux les traces rougeâtre pour découvrir le corps d'un homme, mon geôlier dont les traits de son visage montraient la douleur et la peur. Il était mort... Et j'étais probablement le tueur. Mais ce ne fut pas le seul détail qui me marqua en posant mon attention sur lui... L'animal, le prédateur que j'étais devenu dans son élan de folie s'était servi de sa chair pour calmer sa faim. La panique m'envahissait alors que je partis rapidement en direction des grandes portes de l'entrepôt sans un regard en arrière... Et je fus accueilli par la lune alors que je m'enfonçai dans les bois, un goût amer dans la bouche et une toute nouvelle liberté.